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SERMONS.
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nous
approchons
de
Dieu,
c'est
a
dire,
que
nous
voulons
avoir
accez
a
luy,
il
nous
faut
croire
qu'il
est:
et
puis
qu'il
est
remunerateur
a
ceux
qui
le
cerchent.
Nous
ne
pouvons
donc
approcher
de
Dieu
[pag.
206]
sinon
en
croyant
qu'il
est,
c'est
a
dire,
que
nous
n'ayons
point
une
opinion
douteuse
ni
envelopee.
Mais
que
nous
ayons
une
ferme
certitude
que
le
Dieu
qui
a
cree
le
ciel
et
la
terre,
est
iceluy
qui
se
propose
a
nous
et
duquel
nous
cognoissons
lavolonte
par
la
Loy
et
par
l'Evangile,
tellement
que
nous
ne
disputons
point
que
c'est
de
Dieu,
comme
ont
fait
les
povres
Payens
qui
se
sont
beaucoup
tourmentez,
et
se
sont
cependant
fourrez
en
un
labyrinthe,
dont
iamais
ne
sont
sortis.
Mais
nous
savons
que
Dieu
s'est
manifeste
a
nous
entant
qu'il
nous
estoit
utile,
voire
pour
nostre
salut.
Voila
donc
le
premier
poinct.
Le
second
est,
que
nous
croyons
aussi
qu'il
est
remunerateur
a
ceux
qui
le
cerchent.
Or
ce
mot
de
Remunerateur,
n'emporte
point
que
Dieu
nous
rende
ce
qu'il
nous
doit,
mais
c'est
que
nous
ne
serons
point
frustrez
en
nous
reposant
en
luy.
Car
il
faut
regarder
la
facon
de
le
cercher:
ainsi
si
nous
apportons
nos
oeuvres,
c'est
heurter
a
l'encontre
de
luy,
tant
s'en
faut
que
nous
y
voulions
estre
unis.
Car
voila
que
dit
sainct
Paul,
que
les
Iuifs
mesmes
quand
ils
ont
cuide
se
fier
en
leur
merites,
et
qu'ils
y
ont
mis
l'esperance
de
leur
salut,
ils
se
sont
beurtez,
dit-il.
Et
cela
a
este
cause
de
leur
faire
rompre
le
col
au
lieu
de
se
bien
avancer.
Quand
donc
nous
voudrions
cercher
[pag.
207]
Dieu,
il
ost
certain
qu'il
nous
faut
estre
despouillez
de
toute
vaine
presumption
de
nos
vertus.
Car
puis
qu'il
nous
a
adoptez
de
sa
pure
grace,
il
est
certain
que
iamais
nous
ne
luy
serons
agreables,
sinon
d'autant
qu'il
nous
pardonne
nos
pechez.
Voila
comment
il
nous
faut
estre
asseurez,
dit
l'Apostre,
qu'en
cerchant
Dieu
en
telle
sorte,
nous
ne
serons
point
frustrez.
Et
c'est
ce
qui
est
dit,
Ie
suis
le
Seigneur
qui
t'ay
tire
de
Ur
de
Chaldee
pour
t'amener
en
ceste
terre,
a
fin
que
tu
la
possedes
en
heritage.
C'est
autant
comme
si
Dieu
s'obligeoit
derechef
et
de
nouveau
a
son
serviteur
Abram,
et
qu'il
luy
declairast
qu'il
ne
faut
pas
qu'il
craigne
que
ce
qu'il
a
ouy
auparavant
ne
luy
soit
accompli:
et
combien
que
l'effect
soit
differe
et
prolonge
long*temps,
qu'il
doit
tousiours
cheminer
en
patience,
sachant
que
Dieu
ne
parle
iamais
en
vain,
et
aussi
il
a
les
temps
et
les
saisons
pour
accomplir
sa
volonte.
Et
que
cela
gist
en
luy
et
en
son
conseil,
et
qu'il
ne
se
doit
point
rapporter
a
l'appetit
des
hommes.
Mais
encores
notons
que
par
les
benefices
anciens
Dieu
conferme
la
foy
d'Abram.
Car
il
est
dit:
Ie
fay
tire
de
Ur
de
Caldee.
Et
c'estoit
une
aide
grande
a
Abram
pour
le
faire
mieux
esperer
en
Dieu,
quand
il
avoit
desia
experimente
que
Dieu
luy
avoit
este
Pere
et
sauveur.
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