9:733 733 CONFESSIONES. 734 Or il y oe deux especes de gens qui nous hayssent a credit, mi nous tienent suspects, ou sont degoustez de nous, lesquels nous desirons et pretendons d'appaiser, moyennant qu''il leur plaise nous escouter. Les premiers seront les plus difficiles a recevoir raison et verite en payement: a scavoir ceux qui pour crainte de endurer fascherie ou dommage, appetent de nager entre deux eaux, et se contrefont pour complaire au monde. Gar combien quils ue soyent pas envenimes de haine contre nous, si est-ce qu9 ils ne sont point marris d'ouir qu'on nous taxe en cecy et en cela: mesme hument volontiers les calumnies qu'on nous impose, et sont trop enclins a y adiouster foy. Neantmoins encores pensons-nous que plusieurs de ce nombre nous ayans entendus seront satis faits, et pour le moins despouilleront ies opinions mauvaises et sinistres qu'ils avoyent conceues contre n ous. Les seconds sont ou du tout ignorans ou encore fort debiles, lesquels sont trop credules en leur simplicite, en sorte que sans discretion et par inadvertance, ils nous condamneroni souvent a la volee sur quelque rapport frivole et controuve qualis auront ouy. Nous prions donc les uns et les autres ensemble de ne point precipiter ainsi leur iugement pour condamner les hommes, et Ies faits qui leur sont incognus. Car quand tout est dit, en nous faisant tort, ils se font plus grand dommage, en ce qu'ils ne se donnent point garde de Tastuce du diable qui tasche et machine par tels scandales de les desbaucher et les esgarer du bon chemin, leur rendant la Parole de Dieu odieuse, en laquelle seule gist leur salut. Nous voulons bien aussi protester que nostre intention et desir est que nostre cause soit entendue de tout le monde. Car comme nous cheminons en droiture et integrite de conscience devant Dieu et devant ses Anges, aussi n'avons nous point honte que toutes creatures cognoissent quels nous sommes. Parquoy nous prions ceux ausquels nous sommes estranges, de ne point desdaigner lire nostre presente excuse. Car combien que nous soyons eslongnee de longue distance de pays, le nom de Chrestiente, quand U n'est point pretendu a fausses enseignes, doit bien estre un lien suffisant pour conioindre ceux qui semblent estre fort separez. Sur tout nous requerons que nul ne soit preoccupe pour nous mespriser, sous ombre qu'on nous voit estre vilipender et foullez aux pieds. Car beaucoup pensent qu'il n'est pas besoing de se plus enquerir de ceux qui sont descriez comme trespassez. Or nous prions toutes gens craignons Dieu, et qui ont quelque goutte d'humanite, de se bien souvenir que David, en benissant ceux qui iugent equitablement du povre en son affliction, maudit a l'opposite ceux qui s'accorderont a condamner les innocens: comme de faict ils sont cruels en leur temerite, veu que ce qui les devroit induire a pitie et compassion, les rend plus hardis a opprimer ceux