23:720 oeuvres soyent dignes, mais ils apportent une convenance: encores qu'il n'y ait point une dignite parfaite, disent-ils, si est-ce qu'il convient que Dieu qui est iuste, recoyve ce qu'ils trouvent bon. Voire mais leur iustice les aveugle tellement qu'ils ne cognoissent point leurs vices, comme desia nous avons dit: mais voici la seconde tromperie c'est qu'ils pensent bien avoir la faculte de se pouvoir aquitter par leurs satisfactions. Or ie laisse maintenant a dire quelles sont les satisfactions qu'ils apportent, car il n'y a que toute resverie, et ne font que provoquer Dieu d'avantage, quand ils le veulent payer en menus fatras et ordures, c'est a dire, en superstitions qu'ils ont forgees en leur cerveau: mais encores quelle satisfaction pourroit- on trouver pour estre delivrez du iugement de Dieu? Car une offense qu'emporte-elle? nous aurons viole la iustice de Dieu: et puis nous en ferons un payement pour une portion, voire encores sera beaucoup ce nous semblera. Ne faut-il pas qu'un homme soit du tout possede [pag. 175] de Satan quand il se leve en telle outrecuidance? Or tant y a que c'est la plus grande partie de la doctrine de la Papaute qu'il faut s'acquitter envers Dieu quand nous aurons failli. Or le tout procede qu'il leur semble qu'il nous faut estre iustifiez par ieurs oeuvres: et voila pourquoy ils disent qu'il n'y a que coniecture, car ils sont bien contraints d'apercevoir que si l'homme s'examine, il se trouvera court en la fin, et ne pourra pas avoir ce qui est requis pour clorre ses contes avec Dieu, et pour dire ie suis quitte. Mais encores outre ceste coniecture, ils ont une autre folie en leur teste, c'est si nous estions certains pour auiourd'huy que Dieu nous tiene en sa grace, nous ne savons que c'est du lendemain. Or ils ne pensent point que la foy emporte esperance quant et quant, et que l'esperance s'estend et en la vie et en la mort. Et mesmes nous voyons apres qu'il y a encores une plus lourde faute, c'est qu'ils ne regardent point au dernier combat de la mort, duquel il sera traitte au plaisir de Dieu. Maintenant poursuyvons ce que nous avons commence, c'est qu'ils cuident satisfaire a Dieu et Pappaiser quand ils luy apportent quelque recompense pour les offenses et iniquitez qu'ils ont commises. En quoy ils despouillent Iesus Christ de son honneur: car si ainsi estoit, luy seul ne suffiroit point pour ce qui est requis a nous [pag. 176] reconcilier a Dieu son Pere. Or ce n'est point sans cause qu'il est appele nostre rancon: car il s'est constitue pleige pour nous a telle condition qu'il a prins nos debtes sur soy, et en a fait le payement plein et entier. Quiconques donc maintenant veut payer Dieu, il usurpe l'office de Iesus Christ et voila un abus par trop execrable. Or les Papistes neantmoins fondent 1& leur salut.