23:712 ouvrir le royaume de paradis. Et au reste si c'est nostre heritage, il faut que nous soyons enfans de Dieu pour y parvenir: nous ne pouvons estre enfans de Dieu qu'en croyant comme il en est parle au premier chap. de sainct Jean. Or ce croire ici comme nous l'avons declaire, emporte certitude. Et voila pourquoy aussi il est dit que nous pouvons crier a pleine bouche que Dieu est nostre Pere et que sans cela nous ne pouvons estre reputez ses enfans. Et ce cri-la d'ou procede-il? De l'Esprit d'adoption dit sainct Paul tant au huitiesme chapitre des Rom. comme au quatrieme des Galatiens. Il faut donc que l'Esprit de Dieu nous certifie que nous sommes adoptez de luy tellement que sans [pag. 158] doute et sans scrupule, nous l'invoquions comme nostre Pere, et voila pourquoy aussi en l'autre passage au premier chapitre des Ephes, et puis en la premiere des Corinthiens premier chap. il est appele le seau de l'heritage de salut que nous attendons. Or puis que ainsi est que la certitude de foy emporte que nous soyons adoptez de Dieu, et que nostre salut est fonde la dessus, il faut qu'il y ait une signature comme d'une chose infallible. Nous voyons maintenant que ce n'est point assez que les hommes confessent que Dieu est autheur de leur salut et qui luy doit estre attribue: mais il faut que d'autre part ils ayent accez a luy, et que privement ils l'invoquent coirupe leur Pere, et qu'ils soyent tous resolus que jamais ne leur defaudra. Or ceste certitude ici n'a jamais este comprise en la Papaute, mesmes ils bataillent fort et ferme a l'encontre, et disent que nous ne saurions prendre resolution que Dieu nous approuve et que nous soyons en sa grace: seulement que nous en avons quelque coniecture proubable. Or c'est destruire tous les fondemens de nostre Chrestiente. Et de fait quand S. Paul traitte ceste matiere il nous amene a ceste raison-la, c'est que si nous dependons de la Loy et que nostre fiance soit la appuyee, la foy donc est abolie et toutes les promesses aneanties. Et pourquoy? Ce n'est pas que Dieu [pag. 159] ne soit fidele de son coste, mais c'est d'autant que jamais nous ne parviendrons a l'accomplissement de ce qui est requis pour nostre salut. Car Dieu nous promet bien de nous recompenser quand nous l'aurons servi, et que nous aurons garde d'un bout a l'autre tout ce qu'il nous commande: Dieu promet cela. Or ceste condition maintenant est impossible: car iamais homme n'a accompli la Loy, et iamais nul ne l'accomplira. Ainsi donc ceste promesse n'aura nul effet de nostre coste. Il faudra que nous soyons tousiours en dispute et branle et en inquietude, et en la fin que nous trebuschions en desespoir, quand nous voudrons apporter nos oeuvres et venir a conte avec Dieu. Car il est dit au Pseau. 143, Seigneur n'entre