23:710 paravant, c'est que la iustice dont Moyse parle ici, n'est pas une chose qui reside en nos personnes, mais la remission gratuite de Dieu, quand ii nous est propice et favorable, et qu'il nous aime, combien que nous n'en soyons pas dignes: car ce qui est ici declaire par Moyse ne se trouvera pas en tous hommes, mais en Iesus Christ nous trouverons dequoy estre iustifiez. Et comment? C'est que le diable nous accuse et que Dieu soit prest a nous iuger et condamner: voila nostre Seigneur Iesus Cbrist qui respond pour nous comme nostre pleige. Voila son obeissance qui nous sert de manteau pour couvrir toutes nos rebellions et iniquitez. Il a satisfait pour nous, et nous a acquitez de toutes nos debtes par le merite de sa [pag. 154] mort, et puis il a espandu son sang pour nostre lavement: brief, nous trouvons en la personne du Fils de Dieu tout ce qui est requis pour nous rendre agreables, d'autant que nos pechez ne nous sont plus imputez. Voila donc en somme ce que nous avons encores a retenir sur ce passage. Or il reste de passer plus outre, c'est assavoir, quand Dieu nous a ainsi receus a merci pour un coup, comment il continue a nous tenir et avouer pour iustes tout le temps de nostre vie, et en la mort mesmes: car c'est le principal ou il nous faut venir, toutesfois cela ne se pourra pas traitter maintenant. Il suffira donc a fin que les choses soyent bien retenues, d'avoir cognu quelle ouverture il nous faut avoir pour estre participans du salut eternel qui nous a este apporte par le Fils de Dieu, c'est que nous sachions combien nostre condition est miserable, et que ce ne soit point pour le confesser de bouche, et pour en avoir quelque imagination volage; mais que nous soyons navrez d'une telle tristesse que nous soyons confus devant Dieu iusques a nous hair et nous despiter contre nous mesmes. Quand nous serons ainsi nos iuges, voila comme nous serons absouts de Dieu. Quand nous serons ainsi morts en nousmesmes, voila comme nous trouverons nostre vie en Iesus Christ. Car il ne [pag. 155] suffit point que nous cognoissions que nous sommes povres malades, et que nous sommes povres et indigens: mais il faut que nous soyons morts du tout, a fin que nous soyons vivifiez par la seule grace de nostre Seigneur Iesus Christ Et sur cela que nous venions a ceste humilite que l'Escriture requiert de nous, qui est pour rendre a Dieu l'honneur qui luy appartient. Ce n'est point sans cause que David dit que le Sacrifice que Dieu demande, est un coeur humble et abatu: car autrement nous ne pouvons avoir accez a luy, iusques a ce que nous soyons pleinement aneantis. Ainsi donc il faut qu'il y ait une telle affection que nous soyons angoissez en nos destresses, et alors nous confesscrons a bon escient que nous ne sommes point iustes. Alors aussi nous serons 45*