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SERMONS.
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qu'il
oublie
et
ensevelit
toutes
nos
offenses
par
lesquelles
nous
sommes
coulpables
devant
luy.
Si
ainsi
est,
il
s'ensuit
qu'il
n'y
a
que
malheur
en
nous
iusques
a
ce
que
Dieu
nous
ait
pardonne:
et
si
nous
sommes
meschans,
ou
sera
nostre
iustice?
Car
Dieu
ne
peut
pas
hair
ce
qui
est
convenable
a
sa
nature,
il
est
la
fontaine
de
toute
iustice:
s'il
trouvoit
en
nous
quelque
bien,
encores
quelque
petit
qu'il
fust,
il
est
certain
qu'il
l'accepteroit.
Il
faut
donc
conclure
d'autant
que
nous
sommes
malins,
qu'il
n'y
a
en
nous
qu'iniustice
et
iniquite
et
tout
mal-heur,
que
nous
ne
pouvons
pas
estre
bien-heureux
que
nous
ne
soyons
aimez
de
Dieu.
Or
s'il
nous
aime,
il
faut
quant
et
quant
qu'il
nous
approuve:
s'il
nous
approuve,
il
faut
que
nous
soyons
iustes.
Toutes
ces
choses-la
sont
principes
qui
devoyent
estre
assez
entendus.
Mais
encores
si
nous
faut-il
cognoistre
que
nous
ne
pouvons
estre
bien-heureux
sinon
que
Dieu
nous
aime:
car
cependant
qu'il
nous
sera
ennemi,
helas,
quelle
est
nostre
condition?
dont
est-ce
que
depend
nostre
felicite?
C'est
quand
Dieu
nons
[pag.
148]
recoit
en
son
amour.
Or
maintenant
regardons
comment
il
nous
aime:
il
faut
qu'il
nous
approuve,
comme
i'ay
dit,
car
il
ne
peut
pas
se
renoncer
soy-mesme.
Et
s'il
nous
reiette
et
que
nous
luy
soyons
detestables,
comment
sera-il
reconcilie
avec
nous?
Or
venons
au
moyen
:
car
Dieu
ne
se
peut
transfigure^
et
si
nous
pretendons
de
le
faire
c'est
en
vain
(dit
sainct
Paul)
:
car
il
demourera
tousiours
semblable
a
soy,
et
nous
saura
bien
separer
avec
tous
nos
mensonges,
et
nous
racler
de
son
rang:
comment
donc
serons-nous
approuvez
de
Dieu?
Il
faut
que
nous
soyons
iustes.
Or
ceste
iustice-la,
quelle
est-elle?
Ce
n'est
pas
que
nous
l'ayons
en
nos
oeuvres,
que
nous
puissions
nous
acquitter
envers
luy,
ni
satisfaire
a
nostre
devoir:
il
n'y
a
rien
de
tout
cela.
Quoy
donc?
Il
faut
que
Dieu
nous
pardonne
nos
pechez,
qu'il
oublie
nos
iniquitez,
qu'il
ne
nous
impute
point
nos
offenses.
Et
non
sans
cause
David
a
use
de
ces
trois
facons
de
parler:
car
on
penseroit
que
ce
langage
seroit
superflu:
mais
notamment
il
reitere
cela,
d'autant
que
ce
n'est
point
seulement
un
abysme
que
la
condition
de
l'homme
en
laquelle
il
naist,
et
en
laquelle
il
est
plonge
iusqu'a
ce
que
Dieu
l'en
retire,
mais
c'est
l'abysme
des
abysmes:
brief,
c'est
le
profond
d'enfer.
Il
faut
donc
que
Dieu
besongne
[pag.
149]
ici
d'une
facon
singuliere.
Et
voila
pourquoy
aussi
il
adiouste
puis
apres,
Et
en
l'Esprit
duquel
il
n'y
a
point
de
fraude:
car
ii
faut
que
nous
sentions
combien
la
misericorde
de
Dieu
nous
est
necessaire,
d'autant
que
la
grandeur
de
nos
pechez
est
telle,
que
c'est
pour
empunaisir
et
ciel
et
terre,
et
non
seulement
pour
provoquer
nostre
Dieu,
mais
les
Anges,
la
lune
et
le
soleil
et
toutes
les
creatures
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