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SERMONS
plus
grande
iniure
et
outrage
a
Dieu
que
de
nous
assuiettir
a
l'appetit
des
hommes,
en
destournant
sa
parole
ou
a
dextre
ou
a
gauche.
Gar
il
n'est
pas
question
aussi
de
quitter
du
nostre:
mais
il
faut
maintenir
constamment
la
verite
de
Dieu
qui
est
immuable,
et
laquelle
ne
doit
nullement
changer,
combien
que
les
hommes
varient
et
soyent
inconstans.
Or
ceci
est
bien
a
noter
d'autant
que
la
pluspart,
encores
qu'ils
ayent
quelque
bonne
affection
de
faire
que
Dieu
soit
cognu,
et
que
sa
verite
soit
preschee
comme
il
appartient,
toutesfois
ils
plieront
souvent,
voyans
les
reproches
qu'on
leur
fera,
oyans
les
murmures,
et
qu'on
se
despitera
contre
eux:
et
quelquefois
aussi
il
y
aura
les
grandes
esmutes,
qu'il
semblera
que
tout
doive
abysmer.
Or
si
nous
maintenons
la
querelle
de
Dieu
comme
il
appartient,
les
calomniateurs
auront
tantost
en
la
bouche
que
nous
sommes
opiniastres.
Comme
auiourd'huy
les
Papistes
nous
accusent
en
premier
lieu
de
grande
temerite,
que
nous
voulons
corriger
tous
les
estats
du
monde,
et
que
nous
cuidons
estre
plus
sages,
nous
qui
ne
sommes
qu'une
poignee
de
gens
au
pris
d'une
si
grande
multitude:
voire
de
gens
exercez,
qui
ont
tant
veu,
qui
sont
en
si
grande
estime
et
reputation:
et
puis
que
nous
sommes
trop
chagrins,
voire
et
trop
audacieux
quand
nous
voulons
que
tout
le
monde
passe
pardessous
le
baston,
et
que
nous
ne
cerchons
autre
chose
que
de
surmonter,
et
qu'un
chacun
s'humilie.
Voila
donc
comme
nous
sommes
diffamez
a
tort:
quand
il
nous
faut
humer
ceste
opprobre-la
plustost
que
de
rien
quitter.
Pourquoy?
Il
n'est
pas
question
ici
de
faire
un
appointement
comme
entre
les
hommes.
Car
si
deux
parties
debatent
de
quelque
somme
d'argent
ou
d'un
heritage,
on
pourra
retrancher
et
d'un
coste
et
d'autre,
tellement
que
la
paix
sera
tantost
faite:
mais
quand
nous
accorderons
a
ceux
qui
sont
ennemis
de
Dieu
ce
qu'ils
demandent,
voire
au
preiudice
de
celuy
qui
veut
que
son
droit
soit
pleinement
maintenu
(comme
aussi
c'est
bien
la
raison),
que
sera-ce?
Tant
plus
donc
nous
faut-il
bien
noter
ceste
doctrine
quand
sainct
Paul
nous
monstre
que
pour
servir
a
Dieu
il
ne
nous
faut
point
fuir
ni
molestes,
ni
picques,
ni
murmures,
ni
reproches,
ni
rien
qui
soit:
et
mesmes
quand
il
sera
question
d'y
exposer
nostre
vie,
qu'il
nous
faut
passer
par
la.
Et
s'il
y
a
trop
grande
fragilite
en
nous,
cognoissons
que
Dieu
nous
appelle
a
soy,
et
c'est
luy
qui
peut
remedier
a
toutes
nos
faiblesses,
et
nous
donner
une
vertu
suffisante
pour
tenir
bon
iusques
a
l'extremite.
Quoy
qu'il
en
soit,
si
ne
faut-il
pas
(puis
qu'il
nous
employe
a
son
service,
nous
qui
ne
valons
rien)
que
nous
luy
facions
ce
deshonneur
de
I'as8uiettir
a
l'appetit
des
hommes,
voila
donc
ce
que
nous
avons
a
retenir
en
premier
lieu.
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