23:698 que nous sommes suiets a cacher nos fautes et a les ensevelis voila pourquoy Dieu nous propose un miroir en sa parole a ce que nous aprenions de nous iuger selon luy, et non pas selon nostre fantasie. Combien donc que les hommes n'appercoivent point du premier coup quelle po v rete il y a en eux, toutesfois quand ils seront bien esclairez et guidez par la parole de Dieu, cela leur doit suffire, pour demourer du tout confus : car si nous voulions suivre nostre opinion chacun seroit iuste. Comme Salomon aussi en parle que les hommes sont si aveuglez de l'amour d'eux-mesmes qu'il n'y a celuy qui ne s'attribue et qui ne se face a croire merveilles de ses vertus: mais Dieu poise les coeurs, dit-il. Il nous faut venir a une autre balance: car il n'y a que faussete quand nous pensons avoir beaucoup de merites. Et que les hommes aussi nous tienent en telle estime c'est d'autant qu'on ne regarde qu'a l'apparence. Or ce qui est ainsi haut et excellent devant les hommes, n'est qu'abomination devant Dieu. Et pourquoy? Car il nous faut iuger des oeuvres selon le coeur et selon l'affection [pag. 129] cachee. Et puis, il n'y a point de purete, il est impossible que les hommes soyent purs et nets iusques a ce que Dieu les ait purgez par foy ainsi qu'il en est parle au quinzieme chapitre des Actes. D'autre coste iamais nous ne servirons a Dieu d'une affection franche, que nous n'ayons cognu qu'il nous veut estre debonnaire et propice comme il est dit au Pseaume cent trente, Seigneur on trouvera tousiours mercy vers toy: car, comme tu es, ainsi on te trouve proce. Or les povres incredules qui se doutent de la volonte de Dieu et qui sont en inquietude et en effroy, il est certain que iamais ne le serviront de bon courage. Or Dieu n'acceptera rien de ce qu'ils veulent faire, car il veut des sacrifices volontaires de nous: et mesmes S. Paul dit qu'il ayme ceux qui luy apportent liberalement et d'une franche affection. Voila donc comme nos oeuvres quelques belles qu'elles semblent estre tant a nous qu'a tout le monde, ne sont qu'ordure et infection devant Dieu, iusqu'a ce qu'il nous ait purgez de nos macules et polutions, et puis qu'il nous ait monstre a quel but il nous faut aspirer et a quelle fin il nous faut rapporter toute nostre vie, c'est assavoir qu'il soit honore de nous et qu'estans dediez en son service nous taschions de nous conformer pleinement a la iustice qu'il nous monstre. Or cecy sera [pag. 130] deduit tantost plus au long quand nous parlerons de la Loy : pour ceste heure, il suffit d'avoir cognu que d'autant que l'amour de nous-mesmes nous transporte, et que non seulement cela nous est comme un bandeau pour nous estouper les yeux, mais nous ensorcele quasi du tout, que nous sommes stupides et ne pensons point a nos miseres, et ne