23:697 697 SERMONS. 698 que nous sommes plongez au gouffre d'enfer. Voila, di-ie, par quel bout il nous faut commencer si nous voulons bien cognoistre comment et pourquoy nous sommes iustifiez par la foy. Mais cela ne se pourroit pas deduire maintenant, nous le reserverons donc a demain. PRIERE. Or nous-nous prosternerons devant la maieste de nostre bon Dieu et Pere en cognoissance de tant de fautes et offenses par lesquelles nous luy sommes plus que redevables, et desquelles nous devons estre du tout confus en nous mesmes. Et cependant que nous ne laissions pas, estans en un tel Abysme de desespoir de lever toutes fois la teste a luy, puis qu'il nous a fait ceste grace de nous cercher, a fin de nous recueillir a soy, et que Iesus Christ est descendu iusques aux enfers, a fin de nous en retirer et pour nous conduire iusques au Royaume celeste. Que donc cecy soit tellement imprime en nos coeurs, que nous soyons vrayement eslevez par foy, pour invoquer ce bon Dieu, qui nous a adoptez pour ses enfans et pour nous arrester du tout a luy. Et qu'il nous face la grace de tellement cheminer que son adoption [pag. 127] ne soit point vaine ni inutile en nous, mais qu'elle monstre ses fruicts en tant que nous serons gouvernez par nostre Seigneur Iesus Christ selon qu'il nous a incorporez en luy. Que non seulement nous etc. SECOND SERMON DE LA IUSTIFICATION. Genese Chap. 15. 6. Abram creut a Dieu, et luy reputa cela a iustice. Nous commencasmes hier a traicter quelle est la vraye entree pour comprendre comme nous serons agreables a Dieu par foy, c'est que nous venions a nostre condition premiere, regardons quels nous naissons en Adam. Or nous voila tous maudits, dannez et perdus: iusques a ce que nous ayons bien cognu cela, iamais nous ne gousterons que c'est d'obtenir grace et misericorde de Dieu. Voici donc le vray fondement pour bien bastir, c'est apres que nous aurons bien examine quels nous sommes, ayans trouve qu'il n'y a en nous que toute confusion, nous cerchions le remede ailleurs. Or pour faire un tel examen nous avons besoin de venir a l'Escriture. Vray est que si chacun pensoit a soy sans se [pag. 128] flatter, qu'il seroit son iuge sans aller plus loin. Il ne faut point faire long circuit pour trouver des enquestes contre nous: car chacun a comme un cautere qui le brule, et qui luy imprime la malediction de Dieu. Mais d'autant