23:688 en trouvera-on de cent l'un, qui gouste seulement le contenu de ces mots. Car si ces trois mots ou quatre estoyent bien entendus (Qu'Abram a creu, et qu'il luy a este repute a justice), il est certain que toute la Papaute seroit abolie: toutes les superstitions qui ont auiourd'huy la vogue, cesseroyent: tous les debatz que nous avons a discuter, seroyent appaisez. Car voici la clef qui est pour donner ouverture a tout ce qui est requis pour nostre salut: voici le moyen d'appointer toutes opinions diverses: voici le fondement de la vraye Religion; brief, voici les cieux qui nous sont ouvers, quand nous aurons comprins ce qui est ici prononce en brief par Moyse. Et d'autant plus devons-nous detester ces canailles qui sont si effrontez d'oscurcir une clarte si grande: comme ceux qui disent qu'Abram a este repute preud'homme, et que c'a este une vertu a luy de croire a Dieu : ces chiensla nous doivent bien estre abominables. Car voila les blasphemes les plus enormes que Satan [pag. 108] puisse desgorger. Or quant est des Iuifs, on ne s'en doit pas encores esbahir, ils n'ont point d'expositeur. Il est vray que la clarte de Dieu reluit assez en la face de Moyse, mais ils ont le voile au devant, comme dit sainct Paul: ils passent donc sur ces mots sans penser ce qu'ils emportent. Mais ceux qui font profession d'estre Chrestiens, et qui ont l'authorite de sainct Paul, pour monstrer que ceci veut dire, quand ceux-la despitent encores manifestement Dieu, et qu'ils combatent comme des chiens mastins avec une telle impudence qu'on voit en eux: quelle raison y a-il? Ie ne parle point des Papistes, mais il y a de ces espris diaboliques, qui se diront Chrestiens, et qui mesmes en feront profession a pleine bouche, qui cependant ne laisseront pas d'estre pires beaucoup que les Papistes. Car encores en toute la Papaute si en est-on la venu, que les hommes selon qu'ils sont damnez devant Dieu et maudicts, ne peuvent obtenir salut que par le moyen de la foy. Les Papistes confesseront cela: et ces canailles abolissent et radent tout, comme s'il n'estoit ici rien dit, sinon que voila Abram qui est preud'homme, et c'a este une vertu a luy quand il a creu a Dieu. Cependant voila des vilains qui voudront estre renommez, et s'attribuer un titre de Maistre et Docteur, qui neantmoins sont si enragez et possedez d'une telle rage, qu'ils veulent [pag. 109] tout renverser. Or d'autant plus nous faut-il estre attentifs a ce qui est ici contenu. D'un coste Moyse recite, Qu' Abram a creu a Dieu: et d'autre coste il adiouste que ceste croyance ou foy luy a este pour iustice. Or nous avons en premier lieu a definir ce mot de Croire: car sans cela tout s'escouleroit aisement. Et voila pourquoy les Papistes sont ainsi entortillez en leurs erreurs: car combien qu'ils confessent en partie