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qu'ils
avoyent
espargne
les
habitans
du
pais.
Et
aussi
Dieu
les
avoit
menacez,
que
s'ils
en
laissoyent
quelques
uns,
ce
leur
seroyent
comme
des
espines
pour
les
picquer
aux
costez,
et
mesmes
pour
leur
crever
les
yeux.
Mais
il
y
a
icy
une
raison
particuliere:
car
Abram
n'estoit
pas
arme
de
Dieu
pour
purger
la
ville
de
Sodome
et
les
villes
voisines,
de
leurs
habitans,
ne
pour
dominer
sur
eux.
Il
a
seulement
recouvre
son
neveu
Lot:
combien
que
par
ce
moyen
[pag.
85]
Dieu
aussi
a
eu
pitie
des
Sodomites
et
leurs
voisins,
d'autant
qu'il
a
voulu
differer
pour
quelque
peu
de
temps
la
vengeance
qui
leur
estoit
apprestee.
Abram
donc
sachant
la
raison
pour
laquelle
il
avoit
pris
les
armes,
ne
se
donne
point
liberte,
et
ne
cerche
point
d'excuses
subtiles,
comme
ceux
qui
appetent
le
gain,
mais
declaire
qu'il
n'en
aura
rien.
Et
toutesfois
si
ne
peut-il
faire
qu'Aner,
Escol
et
Mamre
n'ayent
leur
portion:
car
il
ne
les
avoit
pas
sous
soy
ne
sous
son
empire.
Il
estoyent
la
venus
comme
de
gratuite:
estans
ses
amis
et
alliez,
ils
l'ont
secouru
afin
qu'il
peut
retirer
son
neveu
Lot:
il
leur
laisse
donc
leur
droit.
Ainsi
nous
voyons
d'un
coste
quelle
temperance
il
y
a
eu
en
Abram:
et
d'autre
coste
nous
voyons
combien
qu'il
n'ait
pas
pris
la
valeur
d'une
espingle,
si
est-ce
qu'il
n'a
peu
faire
qu'il
n'y
ait
eu
perte
et
dommage,
et
que
ceux
qui
estoyent
en
sa
compagnie
n'eussent
leur
portion
de
la
despouille.
Et
c'est
pour
monstrer
encores
mieux
quand
celuy
qui
mene
guerre
seroit
comme
un
Ange
de
Paradis,
qu'il
mespriseroit
or
et
argent,
et
qu'il
aimeroit
mieux
mourir
que
d'avoir
gaigne
une
seule
maille
sous
ombre
qu'il
a
expose
sa
vie
:
toutesfois
que
la
guerre
de
soy
emporte
tousiours
beaucoup
d'iniquitez,
ou
bien
d'excez:
encores
qu'on
dise
que
cela
est
licite,
tant
y
a
qu'il
y
aura
de
l'outrage,
et
qu'il
faudra
[pag.
86]
que
beaucoup
de
gens
pleurent
leurs
pertes:
l'un
aura
sa
maison
brulee,
l'autre
sera
pille,
on
luy
aura
ravi
iusques
a
la
paille
du
lict,
on
aura
pris
a
l'autre
quelque
marchandise,
en
sorte
qu'il
en
sera
desnue.
Il
faut
donc
qu'il
y
ait
beaucoup
de
larmes
et
de
gemissemens,
quand
il
y
aura
guerre
ouverte:
et
&insi
tousiours
on
doit
estre
admoneste
de
se
tenir
comme
les
mains
liees:
et
se
garder
bien
d'entrer
en
telles
confusions,
ausquelles
il
n'y
a
nul
remede,
encores
qu'on
se
voulust
gouverner
comme
des
Anges,
ainsi
que
i'ay
dit.
Or
en
somme,
ceux
qui
se
deffendent
iustement,
et
qui
sont
contrainctz
de
ce
faire,
encores
doivent-ils
estre
bien
vigilans
a
se
porter
tellement,
que
pour
le
moins
ils
ensuivent
nostre
pere
Abram.
Et
si
on
ne
peut
eschapper
qu'il
n'y
ait
des
excez,
des
pertes
et
degast,
pour
le
moins
qu'ils
ayent
cela
pour
bien
resolu,
que
la
guerre
ne
se
face
point
a
l'estourdie,
et
pour
avoir
despouille,
mais
que
ce
soit
pour
la
deffense
iuste
d'un
pais,
quand
il
sera
envahy
d'une
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