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SERMONS.
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soyent
pour
nourrir
les
povres,
et
pour
entretenir
ceux
qui
servent
a
l'Eglise:
que
ces
biens-la
soyent
reduits
a
leur
usage
legitime,
et
que
des
gouffres
insatiables
ne
gourmandent
point
tout:
qu'on
ne
les
dissipe
point
en
choses
superflues,
en
pompes,
en
yvrongneries,
et
autres
dissolutions:
mais
qu'on
cognoisse
que
ce
sont
biens
sacrez,
qui
doyvent
estre
reservez
pour
l'usage
de
l'Eglise,
tant
pour
sustanter
les
povres,
comme
i'ay
desia
dit,
que
pour
la
nourriture
de
ceux
qui
servent
a
Dieu
et
a
son
peuple.
Voila
ce
qu'il
a
fallu
toucher
en
passant,
quant
est
du
droit
des
dismes:
venons
maintenant
a
ce
qui
s'ensuit.
Moyse
retourne
au
roy
de
Sodome,
duquel
il
avoit
parle:
mais
il
a
coupe
son
propos
pour
traiter
[pag.
79]
de
Melchisedec.
Il
adiouste
maintenant,
que
le
Roy
de
Sodome
s'est
voulu
seulement
reserver
les
personnes,
quittant
toute
la
despouille
a
Abram
:
comme
s'il
disoit,
qu'il
ne
demande
rien
de
tout
ce
qui
luy
avoit
este
oste
par
les
ennemis,
et
qu'il
cognoit
bien
qu'Abram
se
Festoit
acquis
par
sa
victoire:
seulement
il
redemande
les
personnes
et
le
lieu
auquel
il
habitoit.
Nous
ne
savons
pas
s'il
a
fait
ceci
par
feintise,
voyant
que
tout
estoit
desia
en
la
main
et
en
la
puissance
d'Abram,
ou
s'il
a
recognu
a
la
verite
qu'il
meritoit
bien
d'avoir
le
tout,
et
que
c'estoit
encores
beaucoup
que
luy
et
ses
gens
eussent
este
retirez
de
la
main
de
ses
ennemis.
Quoy
qu'il
en
soit,
il
est
dit
qu'Abram
reiette
ceste
offre,
et
dit
qu'il
n'en
prendra
rien,
depuis
un
filet
iusques
a
la
courroye
du
soulier:
c'est
a
dire
la
valeur
d'une
espingle,
comme
nous
parlons
en
nostre
langage:
Sinon,
dit-il,
ce
qui
a
este
mange
par
les
compagnons:
car
aussi
ils
n'estoyent
point
la
venus
pour
payer
leur
escot,
et
c'estoit
aussi
pour
le
moins
qu'ils
eussent
este
sustantez
en
exposant
leur
vie
pour
delivrer
ceux
de
Sodome.
Et
bien,
quant
a
ce
qu'ils
ont
mange
(di-ie)
cela
demourera:
et
puis
i'ay
mes
compagnons,
Aner,
Escol
et
Mamre
:
ceuxla
il
faut
qu'ils
ayent
leur
portion
du
pillage:
car
ie
ne
veux
rien
deroguer
a
leur
proffit,
et
ce
n'est
pas
aussi
a
moy
de
[pag.
8
o]
leur
imposer
loy
ou
necessite:
ie
suis
liberal,
il
ne
faut
pas
pourtant
que
ie
les
astraigne
a
une
mesme
mesure.
Ils
prendront
donc
leur
portion,
de
moy
rien.
Et
pour
mieux
confermer
son
dire,
il
dit:
Qu'il
a
leve
la
main
au
Dieu
Souverain,
possesseur
du
ciel
et
de
la
terre,
comme
s'il
disoit
qu'il
a
iure,
et
qu'il
en
fera
ainsi,
pourtant
qu'il
ne
luy
est
plus
licite
de
se
retracter,
afin
que
l'autre
ne
barguigne
plus.
Nous
voyons
ici
comme
Abram
a
voulu
eviter
tous
scandales,
quand
il
a
refuse
d'avoir
aucun
profit
de
ce
qui
estoit
sien.
Oar
si
la
guerre
estoit
bonne,
ce
qu'il
avoit
pris,
il
le
pouvoit
reserver
comme
on
iugeroit
communement:
mais
pour
monstrer
qu'il
n'a
point
este
mene
d'avarice,
qu'il
n'a
point
este
Calvini
opera.
Vol
XXIII.
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