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667
SERMONS.
668
de
luy:
et
que
nous
avons
un
tel
contentement,
que
quand
mesmes
nous
[pag.
66]
serons
angoissez
en
nos
fascheries,
nous
ne
laissions
pas
de
nous
resiouir,
d'autant
que
nous
l'aurons
cognu
et
experimente
Pere,
et
qu'il
s'est
aussi
monstre
tel
a
la
verite
par
les
benefices
qu'il
nous
a
desia
au
paravant
communiquez.
Voila
ce
que
nous
avons
ici
a
observer.
Quant
a,
ce
que
dit
Melchisedec,
Benit
soit
le
Dieu
qui
a
livre
tes
ennemis
en
ta
main,
cela
nous
monstre
que
toute
victoire
procede
de
Dieu:
et
mesmes
qu'Abram
par
son
industrie,
par
ses
proesses
et
vaillances
n'avoit
point
deseonfit
les
Roys
dont
il
a
este
parle:
mais
que
Dieu
l'avoit
conduit.
Il
est
vray
qu'Abram
a
surpris
ses
ennemis
de
nuict,
comme
nous
avons
veu,
et
l'a
fait
a
cause
qu'il
n'estoit
point
homme
aguerry:
mais
cependant
dequoy
eut
servi
tout
cela,
sinon
que
Dieu
l'eust
fait
prosperer?
Nous
voyons
mesmes
combien
que
David
ait
eu
grosse
armee,
combien
qu'il
ait
eu
gens
vaillans
et
renommez,
et
que
luy
aussi
de
sa
part
fut
expert
en
guerre,
depuis
que
Dieu
l'avoit
constitue
Roy,
neantmoins
il
dit
que
Dieu
luy
a
donne
des
piedz
de
chevreus,
que
c'est
luy
qui
l'a
esleve,
et
qui
l'a
fortifie
en
sorte
qu'il
a
brise
les
courreaux
et
verrous,
qu'il
a
desconfit
ses
ennemis.
David
donc
proteste
qu'il
n'y
a
rien
qui
luy
soit
propre
en
toutes
les
victoires
qu'il
a
acquises.
Puis
que
David,
qui
avoit
les
moyens
selon
[pag.
67]
les
hommes
de
surmonter
ses
ennemis,
toutesfois
confesse
sans
hypocrisie
qu'il
n'y
a
rien
qui
ne
doyve
estre
attribue
a
Dieu,
afin
que
son
nom
en
soit
glorifie:
que
pouvoit-ce
estre
d'Abram,
qui
n'avoit
iamais
suyvi
la
guerre,
qui
ne
savoit
que
c'estoit
de
desgainer
espee,
par
maniere
de
dire?
neantmoins
qu'il
a
vaincu
une
telle
multitude
de
gens,
qui
estoyent
desia
enflez
de
presumption
d'avoir
desconfit
leurs
ennemis,
et
pille
et
saccage
cinq
villes:
il
falloit
bien
que
Dieu
y
besoignast.
Or
quoy
qu'il
en
soit,
nous
avons
a
recueillir
de
ce
passage,
que
quand
il
ne
faudroit
que
lever
un
doigt,
c'est
a
Dieu
de
nous
conduire
afin
que
nous
ne
facions
point
des
entreprinses
avec
quelque
orgueil
d'outrecuidance,
comme
si
nous
pouvions
quelque
chose,
et
que
nous
fussions
habiles
gens.
Que
ceux
donc
qui
ont
ou
a
guerroyer,
ou
a
faire
quelque
autre
chose
difficile,
se
remettent
entre
les
mains
de
Dieu,
cognoissant
que
ce
n'est
pas
sans
cause
qu'il
est
appelle
le
Dieu
des
armees.
Voila
pour
un
item.
Davantage
il
nous
faut
appliquer
ceci
a
un
second
usage
:
c'est
quant
a
la
vertu
spirituelle
qui
nous
est
donnee
pour
surmonter
Satan,
et
tout
ce
qui
est
contraire
a
nostre
salut:
Nostre
bataille,
dit
S.
Paul,
n'est
point
contre
la
chair
et
contre
le
sang,
mais
contre
les
puissances
d'enhaut,
contre
les
diables
qui
ont
leurs
dards
de
feu
volant.
Voila
ou
il
nous
[pag.
68]
faut
exercer.
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