48:661 661 DE LA PENTECOSTE. 662 raison que tels fantastiques veulent donner a, leurs resveries, qui sont trop grandes arrogances que Dieu ne laissera pas impunies. Oar combien que Dieu ne nous appelle pas en son conseil estroit, pour nous declarer son vouloir, et ce qu'il a delibere de faire, si est-ce qu'il faut que nous scachions que nous sommes gouvernez par sa main, et que les meschans ne pourront rien contre nous, sinon entant que Dieu leur laschera la bride. Et toutesfois il ne laisse pas cependant d'y avoir un ordre en nature : et ce n'est pas a dire que, quant a nous, il ne nous faille user de conseil. Car Dieu nous a declare qu'il veut que nous vivions par le pain qu'il nous donne a manger, et que remedions a la maladie par la medecine. Ce sera donc une outrecuidance trop grande, quand nous voudrons reietter les moyens que Dieu nous donne pour remedier a nos infirmitez. Et celuy qui pensera s'avancer par ce moyen, ce sera a sa ruine et confusion. Car quand nous disons que la providence de Dieu prouvoit a toutes choses, ce n'est pas pourtant qu'il faille reietter les moyens qu'il nous donne. S. Pierre dira un peu apres ce passage qu'il estoit impossible que la chair du corps de Iesus Christ peust tourner en putrefaction. Et pourquoy? D'autant seulement qu'il avoit este ainsi ordonne de Dieu, et non pas selon sa nature. Car quand il a este concu au ventre de la vierge Marie, il a prins nostre mesme nature et a este pareil a nous excepte peche. Et par ainsi sa chair eust este suiete a corruption comme la nostre, sinon que Dieu l'eust ainsi preveu. Si on contemple quels estoyent les os de Iesus Christ, ils eussent peu estre rompus et froissez: toutesfois nous voyons qu'il estoit impossible qu'ils le fussent, d'autant que Dieu l'avoit ainsi ordonne, et non point selon leur nature. Voyla qu'il faut noter touchant ce qu'on pourroit alleguer de ce passage: non point qu'il faille aller speculer et inventer mille questions sophistiques qu% les Papistes scavent mettre en avant: mais en toute humilite arrestons-nous a considerer que non seulement Dieu prevoit les choses, mais en dispose a sa volonte. Et pourtant apprenons de nous recommander a luy quand nous endurons de grans assaux de Satan et du monde, duquel il est appele prince. Et quand il nous semble que les meschans nous doyvent accabler, retirons-nous sous les ailes de nostre Dieu, afin qu'il nous baille de quoy resister, et qu'estans armez de sa vertu nous puissions repousser toutes les tentations qui nous pourront advenir. Car quand tous les diables et tous les meschans s'esleveroyent contre nous, il les scaura bien brider et tenir en serre, moyennant que nous ayons recours a luy, nous mettans en sa sauvegarde. Voyla comme il faut contempler la providence de Dieu par foy, et non point selon nostre sens. Or