48:660 faire, sinon entant que Dieu leur lasche ia bride: comme l'on voit que ces meschans ne passent point les limites que Dieu leur a donnez. Or ce qui est dit de Iesus Christ, il le faut aussi bien applicquer k nostre usage. Car luy mesme tesmoigne que les petis passereaux ne tomberont point sans son ordonnance. Si donc ainsi est que la providence de Dieu s'estend iusques a ces petites besteletes, il s'ensuit qu'il n'adviendra rien que Dieu n'ait ordonne. Puis il adiouste que les cheveux de nostre teste sont contez. En quoy il signifie le soin qu'il ha de nous, et puis que nous sommes membres de Iesus Christ et que nous luy attouchons de pres, il veut que nous cognoissions qu'il nous tient pour ses enfans. Car combien que ce monde soit comme la maison de Dieu, et qu'il en soit le Pere de famille, si est-ce qu'il ha son Eglise en singuliere recommandation, et d'icelle ha un soin special. Ainsi donc nous voyons comme il nous faut penser a ceste providence de Dieu: c'est ascavoir que S. Pierre n'a point voulu mettre en avant des choses fantastiques et puis chercher mille subtilitez qui ne servent d'aucune edification. Il n'y a point voulu proceder en telle sorte, mais il monstre que Dieu a si bien prouveu a nostre salut, que nous n'avons que faire de chercher autre moyen que celuy qu'il nous a ordonne. Puis il veut signifier que nous sommes tellement en la main de Dieu et en son refuge, qu'on ne peut rien contre nous sinon ce qu'il en a determine. Autrement que seroit-ce de nous? Si nous estions conduits par fortune (comme les phrenetiques l'estiment) nostre condition seroit plus malheureuse que celle des bestes brutes. Mais quand nous scavons que Dieu gouverne tout, ce nous doit estre une grande consolation, et nousnous y pouvons bien appuyer. Nous voyons donc que c'est une vertu bien necessaire que nous cognoissions la providence de Dieu. Et pourtant il nous faut considerer que tout ainsi que Iesus n'a rien souffert sans la permission Divine, aussi tout ce qui nous adviendra vient de Dieu. Voyla ce qu'il nous faut noter de ce passage. Et mesmes il nous faut bien poiser ce mot de Conseil II est vray qu'aucuns parleront bien de la providence de Dieu, mais ils n'en auront qu'un fol cuider: car ils pensent qu'il se repose la haut au ciel, et que cependant il laisse dominer yci bas fortune ou nature. Or au contraire il nous est yci declare que Dieu ordonne tout et dispose des choses ainsi qu'il luy plaist. Vray est que cela nous est incognu et nous ne le pouvons pas comprendre^ mais il nous faut contenter de scavoir qu'il en est le gouverneur, et il ne faut point faire comme d'aucuns resveurs qui disent, Et Dieu scait qu'il adviendra, nous n'y scaurions mettre ordre, pourquoy donc userons-nous de conseil et d'avis? Voyla la