51:66 ont amene cela en avant: car ils ont dit que c'est une grande cruaute a Phomme s'il ne se peut renger a supporter les infirmitez de ses compagnons, veu qu'il n'y a celuy qui ne soit infirme de son coste. Il seroit impossible que deux hommes puissent vivre au monde s'ils n'estoyent patiens l'un envers l'autre, pour se supporter mutuellement. Et ceux qui cuident estre les plus parfaits, ils trouveront qu'il faut qu'eux mesmes se supportent. Car si nous sommes du tout stupides, il est certain que nous hairons le mai qui est en nous. Et il ne faut point que quelqu'un vienne pour nous fascher et molester: mais chacun aura des chagrins en soy, qu'il se despitera contre ses imperfections. Puis qu'ainsi est donc, que reste-il sinon que cela nous induise a traitter en douceur et mansuetude ceux qui sont ainsi tresbuchez par infirmite? Voila donc ce que nous devons bien ici noter. Et de faict quand nous aurons bien cerche qui est cause que beaucoup s'enflambent ainsi avec un zele desborde, et qu'ils tempestent iusques au bout contre les petites fautes, c'est d'autant qu'ils ne pensent point a eux-mesmes. Or voici Tordre qu'il nous faut tenir, ce est premierement que nous condamnions le mal partout ou il sera. Voila pour un item. Car si nous condamnons seulement le mal en cestui-ci ou en cestui-la, et que nous le coulions en d'autres, c'est signe que nous ne sommes point menez d'une droicte affection, a fin que Dieu soit servi et honore: mais qu'il y a quelque malice cachee, qu'il y a quelque rancune, comme dit Salomon, que les inimitiez descouvrent les vices, et que chacun taschera a blasmer celuy auquel desia il porte quelque dent. Voila donc la premiere reigle qu'il nous faut observer, c'est de condamner le mal partout ou ii se trouvera, voire d'autant qu'il est contraire a Dieu. Voila pour un item. Or le second c'est que nous facions examen chacun de soy. Car selon que le mal est plus prochain de nous, ii est certain que nous le devons tant plus hair. Si ie voy quelque contempteur de Dieu, ie seray angoisse beaucoup plus que s'il estoit a dix lieues loin, et que ie ne cognusse point ses fautes. Or maintenant il faut regarder a nous. Car prenons ceste similitude, selon que nous sommes prochains, et selon qu'il y aura plus de privaute entre ies hommes, il faut que nous pratiquions ce que desia nous avons dit, c'est a scavoir qu'un chacun remonstre les fautes a celuy qui aura failli: car Dieu nous a conioints ensemble a ceste condition-la que si i'ay quelque ami, il faut que ie le redresse plustost qu'un estranger. Or maintenant qui est-ce qui m'est plus prochain quand il est question de condamner le mal, sinon moy-mesme? Voila donc en quoy on cognoistra que nous cerchons que Dieu 5