4:66 sainct Pierre dit que la vertu de Dieu nous conserve par foy iusques a la revelation de salut: ce qui estoit plus convenable a l'esperance qu'a foy. Neantmoins cela ne se fait point sans raison, veu que nous avons monstre Esperance n'estre autre chose sinon fermete et perseverance *) de foy. Quelquefois2) ils ^ont conioints ensemble: comme en la mesme Epistre: Afin que vostre foy et espoir soit en Dieu (1 Pierre 1, 5. 21). Et sainct Paul aux Philippiens deduit l'attente de l'espoir (Phil. 1, 20): pource qu'en esperant patiemment nous tenons la bride a noz desirs, iusqu'a ce que l'opportunite de Dieu soit venue. Ce qui sera plus facile a entendre du 10. chapitre aux Hebrieux que i'ay desia allegue. Sainct Paul en un autre passage, combien qu'il parle improprement, entend toutesfois le mesme par ces mots, Nous attendons de s) foy en esprit l'esperance de iustice (Gal. 5, 5): voire pource qu'ayans receu le tesmoignage de l'Evangile touchant de l'amour gratuite de Dieu, nous attendons que Dieu mette en evidence et effect ce qui encore est cache sous espoir. Or il n'est pas maintenant difficile a voir combien lourdement s'abuse le maistre des Sentences, 4) en faisant double fondement d'esperance: assavoir la grace de Dieu, et le merite des oeuvues. Certes elle ne peut avoir antre but que la foy. Or nous avons clairement monstre que la foy a pour son but unique la misericorde de Dieu, et que du tout elle s'y arreste, ne regardant nullement ailleurs. Mais il est bon d'ouyr la belle raison qu'il allegue : Si tu oses, dit-il, esperer quelque chose sans l'avoir merite, ce n'est point esperance mais presomption. Ie vous prie, mes amis, qui sera celuy qui se tiendra de maudire telles bestes, lesquelles pensent que c'est temerairement ⓒt presomptueusement fait de croire certainement que Dieu est veritable? Car comme ainsi soit que Dieu nous commande d'attendre toutes choses de sa bonte, ils disent que c'est presomption de se reposer et acquiescer en icelle. Mais un tel6) maistre est digne des disciples qu'il a eu es escoles des Sophistes, c'est a dire Sorboniques. Nous au contraire, (Juand nous voyons que Dieu apertement commande aux pecheurs d'avoir certaine esperance de salut, presumons hardiment tant de sa verite, que moyennant sa misericorde^ reiettans toute fiance de noz oeuvres, nous esperions sans aucune doute ce qu'il nous promet. En ce6) 1) perseverance, le latin dit: alunentum fidei. 2) Quelquefois . . . . cachee sous espoir, est une addition de 1559. 3) 1561: par. 4) le maistre des Sentences, le latin a: JPetrus Lombardus. 5) Mais un tel . . . . Sorboniques, void le latin: O magistrum talibus dignum discipulis quales in insanis tabularum scholis nactus esti 6) Les derniers mots: En ce etc, ont ete ajoutes dans la redaction de 1559. 5