22:66 necessaire a tous hommes sans quelque exception. Et appellons noz offensez " ) debtez pour autant que nous en devons la peine a Dieu comme payement, et nen pourrions aucunement satisfaire si nous nestions absoulz par ceste remission, laquelle est un pardon gratuit de sa misericorde. Nous requerons que icelle nous soit faicte comme nous la faisons a noz debteurs, cest a dire comme nous pardonnons100) a ceulx par lesquelz nous avons este blessez comment que ce soit, ou iniquement oultragez par faict, l01) ou iniuriez par parolles. Laquelle condition nest pas adioustee comme si par la remission que nous faisons aux aultres nous meritions la remission de Dieu envers nous, mais cest un signe qui nous est propose de Dieu102) pour nous confermer que aussi certainement le Seigneur nous recoit a mercy, comme nous sommes certains en noz consciences que faisons mercy aux autres, si nostre cueur est bien purge de toute hayne, envye et vengeance: au contraire pour esfacer du nombre de ses enfans tous ceulx qui estans enclins a vengeance et difficiles a pardonner retiennent les inimitiez enracinees en leurs cueurs,103) a ce quilz nentreprenent point de linvoquer pour leur Pere et demander que lindignation, laquelle ilz nourrissent a lencontre des hommes, ne tumbe point sur eulx. La sixiesme demande. Ne nous induits point en tentation, mais delivre nous du malin. Amen. Par laquelle nous ne requerons point de ne sentir aucunes tentations, desquelles plustost nous avons grand besoing destre resveillez, stimulez et agitez, de paour que par trop grand repoz ne devenions trop moulz et paresseux,104) comme aussi le Seigneur iournellement tente ses eleuz, les instrui - sant par ignominie, paouvrete, tribulation et aultres especes de croix. Mais ceste est nostre requeste que le Seigneur avec les tentations pareillement donne issue a ce que ne soyons dicelles vaincuz et accablez, ains que estans formes et robustes par sa vertu constamment nous puissions consister a lencontre de toutes puissances desquelles nous sommes combatuz. Davantaige que, estans receuz en sa sauvegarde et protection, estans sainctifiez de ses 99) noz offensez om. 100) parcimus. 101) Cette lecon confirme notre conjecture relative a celle du texte latin qui met: forte. Voyez Ti V. p. 348, note 1. 102) de Dieu om. 103) pertinaces inimicitias exercent. 104) ne nimium resides torpeamus. 5