21:65 65 PAR NICOLAS COLLADON. m ces nations-la:l) comme quant aux trois langues premieres et principales, il peut servir tant pour l'usage des escoles, que pour gagner les Iuifs a Christ, et y enseigner les Grecs. Au reste, pource que M. Viret n'estoit que preste a ceste Eglise pour un temps, Calvin comme il estoit de sa part fort vigilant et songneux a procurer tout ce qu'il pensoit propre pour l'avancement d'icelle, fit tous ses efforts pour obtenir qu'il fust accorde a tousiours: et a ceste fin escrivit lettres a plusieurs personnages qu'il estimoit y pouvoir aider, et lui mesme alla en personne solliciter l'affaire en un synode a Vevay. Mais la consideration de l'Eglise [e 2] de Lausanne, comme la chose estoit bien a peser, empescha d'obtenir ce que on demandoit. Toutesfois ledit Viret n'y fut pas rappelle si tost, mais fut laisse encores a Geneve plusieurs mois, iusqu'a ce que les affaires y fussent un peu mieux asseurees. Ce qui fut un grand soulagement a Calvin, et luy-mesme le recognoissoit ainsi. A cause de quoy aussi depuis il lui escrivoit souvent de l'estat de ceste Eglise, comme semblablement a M. Farel : et les prioit tous deux de la visiter le plus souvent qu'ils pourroyent a leur commodite. Et eux de leur coste s'y sont tousiours monstrez merveilleusement affectionnez, accourans ici pour aider a leur frere et compagnon quand leur presence y pouvoit servir, comme souvent ii est advenu qu'elle y a beaucoup fait, Dieu merci. Le peuple aussi pour son regard s'esiouyssoit du bon accord de ces trois excellens personnages, toutes les fois qu'il les pouvoit revoir ensemble et les ouir prescher, se souvenant du temps premier qu'ils avoyent este conioincts ici en la conduite de ceste Eglise. Il est vray qu'il y avoit bien tousiours quelques malins, lesquels la presence de Calvin faschoit, et beaucoup plus quand ils le voyoyent en la compagnie des deux autres: tellement que par moquerie ils appelloyent entre eux l'union de ces trois serviteurs de Dieu, le Trepied. Mais tout conte et rabbatu, ou tels galands 2) estoyent contraincts de faire bonne mine, ou s'ils brassoyent quelque chose, il faloit malgre qu'ils en eussent qu'ils sentissent que Dieu avoit mis au coeur du peuple un amour de ses bons Pasteurs. Or Calvin un peu de temps apres son retour, assavoir au mois de Novembre, eut les nouvelles de la mort de Capito, lesquelles le contristerent fort plusieurs iours : comme aussi il n'y a point de doute que ce fut une bien grande perte pour l'Eglise de Dieu : ioint qu'en mesme temps on disoit que Bucer estoit malade de peste. Calvin donc estant demeure a Geneve, seul des trois qui y eussent bien este 1) Gomp. la premiere redacUon p. 21 2) profanes F. Calvini opera. Vol, XXI.