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voulu
separer
du
rang
commun.
Car
il
faut
laisser
l'authorite
qu'ont
les
Rois
et
les
magistratz
de
faire
ce
qu'ils
cognoissent
estre
bon
pour
1a
police:
et
ceste
discretion
est
raisonnable.
Ainsi
donc
toutes
fois
et
quantes
que
nous
voyons
que
Dieu
a
voulu
suvenir
a
son
Eglise
par
ceux
qu'il
a
ordonnez
comme
ministres
de
la
redemption
et
du
salut
qu'il
avoit
appreste,
cognoissons
que
ce
sont
des
actes
singuliers,
que
la
main
de
Dieu
y
a
passe,
et
que
ceux-la
ont
este
choisis
de
luy:
qu'ils
ont
este
armes
de
son
authorite
et
de
sa
puissance.
Mais
de
dire
que
chacun
s'avance
a
en
faire
autant,
ce
seroit,
comme
i'ay
dit,
une
horrible
confusion.
Voila
donc
ce
que
nous
avons
a
retenir
quant
a
ce
qui
est
ici
recite
d'Abram,
c'est
assavoir
que
Dieu
desia
luy
a
voulu
donner
quelque
enseigne
que
ce
n'estoit
pas
en
vain
qu'il
l'avoit
constitue
seigneur
et
maistre
du
pais
[pag.
23]
de
Canaan:
et
puis
en
ceste
victoire
il
luy
a
donne
aussi
quelque
petit
goust
que
ses
successeurs
devoyent
entrer
en
la
terre:
et
quelque
force
qui
s'y
opposast,
qu'ils
ne
seroyent
point
empechez
d'avoir
victoire
par
tout.
Car
combien
que
l'armee
de
ces
Rois
dont
fut
hier
parle,
ne
fust
pas
de
trente
ou
de
quarante
mille
nommes,
tant
y
a
qu'Abram
avoit
seulement
ceux
de
sa
maison,
trois
cens
et
dixhuit
serviteurs.
Or
de
dire
qu'ils
fussent
aguerriz,
ce
seroit
une
mocquerie:
d'autant
qu'Abram
n'avoit
iamais
este
en
guerre,
il
ne
savoit
que
c'estoit
de
manier
espee
ny
bouclier.
Touchant
de
ceux
qui
estoyent
alliez
avec
luy,
tant
s'en
faut
que
cela
luy
deust
donner
plus
grande
fiance,
que
c'estoit
pour
1e
faire
craindre
davantage.
Car
ils
pouvoyent
alleguer,
Cest
estrangier
icy
nous
viendra
ruiner
tous:
car
voila
quatre
Rois
qui
ont
este
victorieux,
ils
ont
pille
Sodome
et
Gomorrhe
et
les
villes
voisines,
et
nous
viendrons
nous
ruer
sur
eux?
c'est
comme
si
nous
voulions
perir
a
nostre
escient.
Abram
donc
se
voyant
comme
destitue,
devoit
quant
a
l'opinion
commune
plustost
se
tenir
quoy.
Et
de
prime
face
c'estoit
une
grande
folie
a
luy,
d'armer
trois
cens
dixhuit
serviteurs:
et
luy
qui
estoit
un
povre
vieillard,
faire
office
de
capitaine:
luy
qui
iamais
n'avoit
seu
que
c'estoit
de
guerre
ny
de
bataille,
comme
nous
avons
dit,
et
ne
l'avoit
voulu
[pag.
24]
savoir,
et
cependant
qu'il
se
iecte
a
l'abandon.
Mais
tant
plus
devons
nous
observer
ce
que
i'ay
touche,
c'est
assavoir
que
Dieu
luy
a
voulu
monstrer
par
cela,
quand
il
voudroit
mettre
en
iouissance
de
la
terre
ses
successeurs,
qu'il
n'y
avoit
nulle
difficulte,
puis
qu'il
luy
donnoit
une
victoire
si
notable:
ce
qu'on
n'eust
iamais
creu,
quand
on
en
eust
voulu
iuger
selon
le
sens
humain.
Voila
donc
en
somme
ce
que
nous
avons
a
retenir
quant
a
ce
point,
ou
il
dit
qu'Abr
am
a
arme
ses
serviteurs.
Nous
voyons
comme
Dieu
luy
a
donne
prudence,
encores
qu'iL
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