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patience,
allegue
ce
qui
est
dit
au
Cantique
de
Moyse
:
C'est
a
moy
que
la
vengeance
appartient,
dit
le
Seigneur.
La
dessus
il
conclud
qu'il
nous
faut
donc
donner
lieu
a
ire.
Dieu
s'attribue
cest
office
de
faire
vengeance
s'il
y
a
eu
quelque
excez
et
quelque
malefice,
comme
c'est
l'office
de
Dieu
d'en
faire
la
punition:
maintenant
si
chacun
s'en
veut
mesler,
et
qu'un
homme
prive
s'ingere
pour
se
rebecquer,
il
est
certain
qu'il
despouille
Dieu
de
son
honneur
et
de
son
droit,
comme
s'il
l'en
vouloit
exclure.
Afin
donc
que
nous
donnions
lieu
a
ire:
c'est
a
dire
que
Dieu
se
monstre
nostre
protecteur
et
qu'il
chastie
nos
ennemis,
qu'il
prenne
nostre
guerre
en
main,
il
faut
que
tous
demeurions
la
tout
quois.
Car
-celuy
qui
s'armera,
despouille
Dieu,
comme
i'ay
dit,
de
la
iurisdiction
laquelle
il
s'attribue
pour
la
defense
de
siens.
En
somme,
les
personnes
privees
ne
se
doyvent
point
seulement
abstenir
de
toute
violence,
mais
aussi
doyvent
avoir
un
courage
paisible
pour
souffrir
quand
il
plait
a
Dieu
de
les
humilier:
et
cependant,
comme
[pag.
19]
sainct
Pierre
nous
exhorte,
doyvent
recommander
leurs
ames
et
leurs
vies
a
celuy
qui
en
est
et
protecteur
et
possesseur.
Cependant
si
voyons-nous
qu'Abram
a
este
approuve
(car
Melchisedec
en
le
benissant
dit
que
c'a
este
une
conduitte
de
Dieu,
que
ceste
victoire
laquelle
luy
a
este
donnee)
Abram
toutesfois
estoit
homme
prive,
il
n'estoit
Roy
ne
Prince:
mesme
il
habitoit
en
la
terre
de
Canaan
comme
estranger.
Mais
nous
avons
a
noter
pour
le
premier,
qu'il
estoit
desia
constitue
Seigneur
et
maistre
de
ce
pais-la.
Et
combien
que
la
possession
ne
luy
en
fust
pas
encores
donnee,
si
est-ce
que
le
droit
luy
en
appartenoit.
Car
il
avoit
este
prononce
par
la
bouche
de
Dieu
:
Voyci
ceste
terre
qui
est
tienne
et
a
ta
posterite.
Abram
donc
ne
doit
point
estre
mis
au
rang
des
autres,
veu
que
Dieu
luy
a
testifie
qu'il
luy
donnoit
la
possession
de
ceste
terre-la,
combien
qu?il
n'en
iouit
pas.
Il
y
a
desia
ceste
distinction
en
Abram.
Si
on
replique
que
ce
n'est
pas
assez
qu'il
eust
le
droit
pour
le
temps
advenir:
la
dessus
encores
nous
avons
a
noter
que
l'exemple,
que
nous
lisons
ici,
est
semblable
a
celuy
de
Moyse.
Car
quand
Moyse
a
tue
l'Egyptien,
le
temps
de
la
redemption
du
peuple
n'estoit
pas
encores
venu.
Il
s'en
falloit
quarante
ans:
et
toutesfois
Moyse
n'a
pas
laisse
de
faire
une
execution
du
glaive,
et
ce
n'est
point
de
temerite
et
de
folie
[pag.
20],
car
il
en
a
eu
approbation
de
Dieu.
S.
Estienne
notamment
recite
que
Moyse
pensoit
que
ses
freres
cognussent
que
Dieu
l'y
avoit
ordonne,
et
que
Dieu
lui
avoit
assigne
cest
office.
Moyse
donc
declaroit
qu'il
ne
s'ingeroit
pas
de
soy-mesme.
Et
de
fait,
quarante
ans
apres,
quand
Dieu
l'appelle,
il
s'excuse,
il
amene
toutes
les
raisons
et
les
subterfuges
qu'il
est
possible
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