23:642 avons veu qu'il luy a falu tracasser ca ou la, pource qu'il n'estoit pas gueres humainement receu: quelque part qu'il vint, on le chassoit. Vray est que Dieu luy a bien commande de circuir la terre au long et au large, pour l'exercer: mais au paravant desia il avoit este contrainct par necessite. Il n'y a donc nulle doute que ses vertus ne luy ayent acquis quelque authorite, en sorte qu'on l'a receu, et que ceux qui estoient [pag. 15] comme chefs de ce pais-la, l'ont tenu pour leur amy, et ont fait alliance ensemble pour se maintenir l'un l'autre. Il est vray que toutes les vertus du monde n'apporteront pas souvent un tel bien: mais il y a deux choses conioinctes: l'une est que ceux qui se portent droitement et en integrite, tascheront en premier lieu de conformer leur vie a la volonte de Dieu, mais en servant Dieu, ils monstreront aussi une affection humaine envers leurs prochains, et ceux-la racheteront souvent la paix, et rompront la malice de ceux qui autrement estoyent prests a les fascher. Et de fait S. Pierre aussi demene cest argument-la, quand il exhorte les serviteurs a bien faire, et a servir a ceux qu'ils devront: il dit que par ce moyen ils pourront obtenir qu'on ne les pieque point, et qu'on ne se rue point sur eux, Mais (dit-il) quoy qu'il en soit, s'il vous faut endurer en bien faisant, vous avez a glorifier Dieu en cela, que vostre conscience ne vous redargue point. Voila donc ce que nous avons a noter. Or le second est, que Dieu benit ceux qui cheminent en telle droiture, et amollit les coeurs de hommes. Quand donc il est ici recite qu'Abram a este allie, il est certain qu'on Ta veu tel, que son amitie a este desiree par ceux mesmes qui luy pouvoyent porter inimitie au paravant, ou bien qui l'eussent voulu gourmander et piller: ceux-la [pag. 16] ont este enclins a se ioindre avec luy. Mais c'a este une alliance pour un temps tant seulement. Car il est certain qu'Abram ne s'est iamais mesle parmi ceux que Dieu avoit desia condamnez, combien qu'il 41