7:64 cause de leur ignorance. Mais s'il faut que le Baptesme soit reitere pour ceste cause, qu'eust ce este des Apostres, qui trois ans apres leur baptesme, ont tant eu d'erreurs, et de lourdes opinions, iusques a estimer que le Regne de Iesus Christ fust terrien: de ne rien comprendre de sa.mort et passion, et beaucoup d'autres semblables? Telle rudesse certes eust bien requis un second Baptesme, s'il falloit rebaptiser un homme ignorant. Et quant a nous, il nous faudroit tousiours avoir quelque lac [page 31] ou riviere a la queue, s'il estoit question de recevoir nouveau Baptesme, toutes fois et quantes que nostre Seigneur nous purge de quelque erreur. D'autrepart il est dict que sainct Paul a baptise ceux la dont il est question, devant que leur imposer les mains. Qui seroit un mauvais ordre si ce que disent ces povres phantastiques estoit vray. Car selon leur phantasie, le sainct Esprit devoit premierement estre donne aux disciples: et puis consequemment le signe. Mais qu'est-il mestier d'en disputer plus avant, quand nous avons la chose toute claire? Ilz n'ont donc plus autre calumnie, pour mordre sur le Baptesme des petiz enfans, sinon d'autant, qu'il n'est faict nulle part mention, que les Apostres en ayent use. Ie respons que nous ne lisons pas non plus, que iamais ilz ayent administre la Cene du Seigneur a une seule femme. Pourquoy donc font-ilz plus grand' difficulte de l'un que de l'autre? Ilz n'oseroyent pas dire que les femmes ne soyent capables de recevoir la Cene du Seigneur. Toutesfois nous ne lisons pas que iamais l'ayent receue par les mains des Apostres. Ou est-ce donc que nous en prenons certitude? C'est en regardant l'institution, la nature et la substance du Sacrement. Car en ce faisant, [page 32] nous voyons qu'il leur convient aussi bien qu'aux hommes. Or nous avons monstre le semblable du Baptesme: assavoir qu'il convient et appartient aux petiz enfans, d'autant que nostre Seigneur les tient pour domestiques de son Eglise. Que demandons nous plus? C'est bien chose superflue d'enquerir de la coustume, ou le droict est tout clair et notoire. Ie dy en ceste matiere, en laquelle le seul plaisir de Dieu nous doit suffire. Quant a ce poinct, i'espere, au plaisir de Dieu,1) avoir pleinement satisfaict a tous ceux qui se voudront ranger a la verite. Combien que si quelcun en desiroit plus ample declaration, il pourra voir ce que i'en ay traicte en l'Institution Chrestienne: ou tous les argumens sont desduis plus au long. 1) au plaisir de Dieu, manque dans le latin.