23:633 633 NOTICE PRELIMINAIRE. 634 de l'usage et droit des | Decimes, et aussi du Iurement. | Quatre sermons de la Iustification, sur le pas | sage du 15. chapitre Genese, Abram creut a, Dieu et | luy fut repute a iustice : ausquels la matiere de la Iusti- | fication est amplement deduite. | Trois Sermons, sur le sacrifice d'Abraham, reci | te en Genese depuis le vingtunieme chapitre, verset | trentetrois, iusques au verset quinzieme du vingtdeux J -ieme chapitre suvuant. Page 3 a 12 on lit la Preface suivante de l'editeur anonyme. PREFACE. De quelque coste que puissions nous tourner en ce monde, ou considerant en general le ciel et la terre, ou en particulier V ornement, lumiere, splendeur et mouvemens de l'un, la grande fertilite de l'autre en toutes especes et d'animaux et de fruits, avec Vinfinie diversite de fleurs, desquelles, comme de riches et beaux aecoustrements, par la divine sagesse et bonte elle est merveilleusement tous les ans de nouveau revestue et paree: toutes fois et quantes (dirie) que nous regardons ces oeuvres de Dieu si admirables, autant de fois se presente devant nos yeux tres-ample matiere et argument de glorifier le tout-bon et tout-puissant Dieu, qui a le tout cree non seulement pour V usage de l'homme, mais aussi pour sa recreation. Car ce Pere est si bon envers ses enfans, qu'il veid bien (pourveu que les prenions avec action de graces et sans excez) que nous usions de ses [p. 4] biens librement en nostre necessite, voire et sans faire aucun scrupule de conscience: que nous eu recevions saisir et resiouissance. Autrement a quelle fin auroit-il cree tant de sortes de fruicts differens en substance, faculte et nourriture, et si divers en figure, en grandeur, en grosseur et couleur, en odeur, goust et saveur, sinon pour en substanter et recreer les hommes? Le vin fortifie-il seulement nostre corps? ne resiouit-il pas aussi le coeur de l'homme, comme David le raconte entre les benefices de Dieu? Qui pourroit donc estre si grossier et si stupide, qu'il n'en repute autant generalement de tous les autres biens que le Seignewr nous fait iournellement pour l'entretenement de nostre corps? Si n'est-ce pas assez pourtant que de la nous recognoissions comme nous devons, le soin Paternel qu'il a de nostre vie presente, nous y administrant tout ce qui nous y est de besoin: si quant et quant nous n'en apprenons aussi, que luy seul, qui est Pere principalement de nos esprits (car il les a crees et regeneres) donne la n [p. 5] de la vie eternelle a nos ames par le pain de sa saincte parole: d'autant que notes devons estre attirer par les viandes corporelles, comme par degrez, a aspirer aux spirituelles pour en vivre eternellement en une ioye qui ne prendra iamais fin. Comme a la verite l'Eternel y attiroit les enfans d'Israel par la manne, dont il les noterrissoit dans le desert. De la s'ensuit bien que si nous faisons comme plusieurs d'entre eux, qui n'avoyent autre soin que d'en souler leur ventre, et n'y cherchoyent autre chose: comme ils sont morts, que nous mourrons aussi. Car si nous ne pouvons vivre en ce monde sans user du pain et d'autres viandes que le Createur a ordonnees, comme moyens par lesquels y conioignant sa vertu divine, il nous veut entretenir en ceste vie corporelle. Semblablement il est impossible d'estre participans de la vie eternelle, sans estre nourris de ceste pasture de l'ame: de laquelle, destinee de Dieu a ceste fin, le Sainct Esprit se sert comme d'un instrument pour nous faire posseder par une [p. 6] vraye foy Iesus Christ, lequel seul nous est donne pour vie, et hors lequel nous sommes tousiours en la mort. Que si V ame est plus que le corps, le pain celeste plus que le pain corruptible, la vie permanente plus que la vie d'un iour et transitoire, il ne faut point douter que les biens spirituels ne soyent sans comparaison plus excellens plus les corporels, et qu'ils ne leur doivent estre preferez. Au moins si nous voulons considerer, comme nous devons, quel bien c'est que d'avoir la vraye cognoissance et crainte de Dieu, en lieu d'en estre du tout ignorans et l'avoir en mespris: d'avoir nostre ferme fiance en luy