51:63 63 SERMONS Paul ne parle pas seulement ici de la langue, il ne dit pas que nous ayons des paroles attrayantes: mais que en reprenant nous soyons tousiours conduits et incitez a cela par un zele que nous avons du salut de nos prochains. Car il est certain que si nous desirons le salut de ceJuy qui a failli, qu'il v aura sobriete, et cela apportera quant et quant ceste moderation dont parle sainct Paul, que nous ne serons point aigres outre mesure, mais il faut tousiours venir a ceste source, c'est a scavoir que nous n'ayons point un esprit bouillant pour reprendre sans scavoir ni comment ni a quelle fin: mais que nous ayons un soin de reduire celuy qui sera en mauvais train, et que nous desirions de l'amener a Dieu avec nous. Bref, que nous desirions qu'il soit nostre frere pour faire que Dieu soit servi de nous tous et maintenu en son degre. Quand nous aurons ceste affection-la, il est certain que le reste viendra puis apres. Or nous sommes quant et quant admonestez sous ce mot d'Esprit (comme i'ay touche) qu'il nous faut estre conformez a Dieu, puis qu'il a bien daigne nous choisir pour ses enfans, comme aussi nostre Seigneur Iesus le remonstre. Soyez semblables a vostre pere celeste (dit-il) qui a pitie mesme de ceux qui n'en sont pas dignes. Par quoy si nous desirons d'estre tenus et advouez pour enfans de Dieu, regardons a la nature de luy qui nous appelle pour estre conformes a son exemple: c'est que nous soyons humains. Or Dieu en sa douceur ne flatte point ceux qui ont failli : car il hait l'iniquite, et faut que tousiours il s'en declare ennemi. Mais nous voyons ce qui est dit que Dieu corrige ses enfans tellement que les chastimens dont ii use commencent par sa maison et par ses domestiques. Mais tant y a neantmoins qu'il ne foudroye point contre les poures pecheurs; mais il les attend en patience: il les exhorte, il les attire, ii les supporte, il leur propose sa grace, et leur declare qu'il est tout prest et qu'il a les bras estendus pour les recevoir^ moyennant qu'ils viennent a luy. Voila donc ce que nous avons a considerer en premier lieu, c'est de nous conformer a l'exemple de nostre Dieu, pour n'accabler point du premier coup ceux ausquels nous voyons quelque infirmite: mais que plustost nous taschions a les gagner d'autant qu'ils sont comme poures ames perdues. Or de la nous pouvons aussi recueillir que ceux qui auiourd'huy veulent que les vices soyent cachez, et mesmes supportez sous ombre que Dieu est patient et benin, corrompent faussement l'Escriture saincte. Car auiourd'huy quand il y aura eu les crimes les plus detestables du monde, incontinent on alleguera la misericorde, o si faut-il estre pitoyable, voire mais telles gens blasphement a l'encontre de Dieu, pour ce qu'ils veulent que nous