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SUR
LE
DEUTER.
CHAP.
I.
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s'assuiettir
au
conseil
de
Iethro
son
beau-pere
lequel
n'avoit
iamais
cognu
que
c'estoit
de
la
vraye
Religion,
mais
en
avoit
seulement
gouste
un
petit
en
ombrage
:
que
sera-ce
de
nous
qui
ne
sommes
point
parvenus
a
une
telle
gloire
que
Moyse?
Ainsi
aprenons,
encores
que
Dieu
nous
ait
eslargi
plus
amplement
de
son
Esprit,
que
ce
n'est
pas
que
nous
devons
reietter
l'advis
et
conseil
de
ceux
qui
sont
moindres
que
nous.
Car
voila
comme
Dieu
veut
que
nous
soyons
unis
et
conioint
les
uns
avec
les
autres
avec
vraye
liaison:
c'est
que
les
grands
condescendent
aux
plus
petis,
et
qu'ils
s'accordent
tous.
Cependent,
comme
il
a
este
declare
combien
que
Iethro
ait
este
l'instrument
pour
advertir
Moyse,
toutesfois
que
cela
doit
estre
attribue
a
Dieu,
et
qu'il
a
regarde
ce
qui
estoit
propre
et
utile
pour
son
peuple
pour
ne
luy
deffaillir
en
rien.
Et
c'est
a
ceste
intention
que
Moyse
parle.
Venons
maintenant
aux
mots
qui
sont
ici
contenus.
Il
dit
en
premier
lieu
qu'il
ne
les
peut
plus
porter
luy
seul,
a
cause
qu'ils
estoyent
grandement
augmentee
:
car
vous
estes,
dit-il,
par
dessus
les
estoilles
du
ciel,
comme
nous
savons
qu'ils
estoyent
plus
de
sept
cent
mille
personnes.
Puis
qu'ainsi
est
donc,
ie
ne
puis
plus
porter
vos
charges,
et
vos
fascheries,
et
vos
proces,
dit-il:
ainsi
il
reste
que
vous
eslisiez
gens
avec
moy,
qui
s'employent
a
cela,
gens
sages
et
entendus,
et
bien
approuvez.
En
premier
lieu
quand
Moyse
proteste
qu'il
ne
sauroit
plus
porter
la
charge
du
peuple,
en
cela
il
nous
monstre
que
ceux
qui
sont
eslevez
en
quelque
degre
d'honneur,
ou
en
quelque
dignite,
ne
doyvent
pas
estre
comme
idoles
sans
rien
faire:
mais
c'est
a
ceste
condition
qu'ils
travaillent,
et
que
mesmes
ils
servent
au
bien
commun
du
peuple,
comme
si
Dieu
leur
avoit
mis
le
fardeau
sur
les
espaulles,
de
soustenir
l'estat
commun.
Et
c'est
une
doctrine
qui
est
bien
a
observer:
car
nous
voyons
comme
les
hommes
sont
addonnez
a
l'ambition,
qu'un
chacun
ne
demande
qu'a
estre
prise
et
honore,
et
tous
aspirent
a
grandeur.
Et
pourquoy?
car
nous
ne
cognoissons
point
quand
Dieu
nous
esleve,
que
c'est
afin
que
nous
representions
sa
personne
au
monde.
Or
cependant
cela
ne
peut
estre
sans
difficulte.
Selon
donc
qu'une
charge
est
plus
honorable,
elle
est
aussi
de
plus
grand
travail,
et
plus
penible:
mais
d'autant
que
les
hommes
imaginent
un
honneur
oisif,
voila
qui
les
transporte
en
ceste
folle
cupidite,
ou
plustost
enragee,
qu'ils
ne
demandent
sinon
d'avoir
la
vogue,
et
d'estre
bien
hauts,
voire
pour
se
rompre
le
col
le
plus
souvent.
Or
d'autre
part
nous
devons
bien
noter
ce
que
Moyse
dit,
qu'il
ne
peut
porter
une
si
grande
charge:
car
il
declare
qu'il
cognoist
son
infirmite,
ou
pour
le
moins
il
la
monstre
telle,
qu'il
faut
qu'il
chemine
en
mediocrite.
Voila
donc
la
seconde
consideration
que
nous
devons
avoir
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