48:625 625 SERMONS DE LA PENTECOSTE. 626 doctrine qu'on nous presche est sa pure verite et infalible. Voyla donc a quoy il nous faut rapporter la somme de ce que nous avons leu: c'est que quand il s'est esmeu un grand tourbillon comme d'un vent impetueux, Dieu a voulu monstrer par signe visible qu'il avoit choisi les douze Apostres pour porter le message de salut ca et la. Il est vray que pour lors ils n'estoyent qu'onze, mais le nombre de douze n'a pas laisse de tousiours demeurer en son entier t bien arreste, d'autant qu'au lieu de Iudas Mathias a este mis. Et voyla comme le nombre a este repare qui avoit este dissipe au paravant: et ceste interruption n'a este que pour un petit de temps, comme S. Luc l'a recite ci-dessus. Voyla donc les douze Ambassadeurs de nostre Seigneur Iesus Christ, qui avoyent este desia choisis de luy et marquez. Mais cependant il les faut munir de graces qui estoyent requises a une charge tant difficile et tant haute. Il faut donc qu'ils soyent faconnez d'enhaut, et que Dieu y besongne d'une facon estrange et admirable, et qui surmonte toute capacite humaine. Or quant a qu'il y a eu un vent et tourbillon esmeu, c'a este pour monstrer que le sainct Esprit ne descen doit point sur les Apostres pour les faire seulement participans de ses graces, mais aussi afin que tout le monde en fust esmeu. Car il avoit este dit par le Prophete Aggee, Encores un petit de temps et ie feray trembler le ciel et la terre, dit le {Seigneur. Or cela a este accompli en la predication de l'Evangile. Nous voyons donc quand le S. Esprit est descendu, que ce n'a pas este seulement pour une petite poignee de gens, mais afin que cela parveinst a tous les bouts et extremitez du monde. Car autrement ceste histoire nous seroit bien froide, si nous n'estions bien persuadez que c'a este pour nous et pour l'edification de nostre foy que Dieu a envoye une fois son sainct Esprit. Au reste, Dieu pouvoit bien d'une facon plus douce envoyer le sainct Esprit. Mais notons que ceste impetuosite a este pour abbatre tout orgueil de la chair, et d'autre coste pour nous esveiller, d'autant que nous sommes par trop assopis et tardifs. Il y a deux vices bien grans en nous, qui empeschent que nous ne sentions la vertu de l'Esprit de Dieu, pour nous ranger a l'Evangile. L un c'est que nous sommes hautains et pleins de presomption. Or il faut que tout cela soit abbatu, et qu'en humilite nous apprenions grans et petis de faire tel hommage a Dieu, que nous soyons aneantis du tout, et que nous tenions nostre vie de luy et de sa pure grace. Il est donc besoin que cest orgueil qui est enracine en nostre nature soit reprouve, voire d'une facon violente, pource que nous y sommes par trop endurcis. D'autre coste chacun sent en soy une pesanteur terrestre, tellement que nous sommes preoccupez et enveloppez en ce monde. Calvini opera. Vol XLVIII.