48:610 nature en bride, d'autant qu'elle nous pousse en telles imaginations: et lors l'homme ne se contente pas de considerer Dieu en la creation du monde, combien qu'il y ait assez de quoy nous contenter en considerant les oeuvres de Dieu. Mais quoy? Les hommes laissent les oeuvres de Dieu, voire celles qu'il a faites pour nostre redemption (qui est un oeuvre excedant toute longueur, largeur, profondeur et hauteur), et veulent enquerir pourquoy c'est que Dieu a tant mis a creer le monde, veu qu'il n'y a pas encores sept mille ans que le monde est cree. Mais notons que devant que Dieu ait cree le monde, il a constitue l'enfer pour mettre tels curieux. Et c'est bien raison: car outre ce que c'est une curiosite a reprendre d'entrer en telles pensees, n'est-ce pas une audace de nous eslever contre Dieu en nous eslevant contre ses faits, comme ne nous semblans pas bons? Voyla donc comment il faut que nous-nous contentions des choses lesquelles Dieu a mises en nostre cognoissance: car encores que nous ayons applicque toute nostre vie a les contempler, si est-ce pourtant que nous n'aurons pas du temps assez pour en comprendre la moindre partie. Et que chacun cognoisse qu'il faut obeir a ce que Iesus Christ a prononce, qu'il ne faut point s'enquerir de ce que le Pere se reserve, c'est ascavoir des choses qui ne sont point declarees par sa Parolle. Et par cela nous voyons qu'il nous monstre nostre incapacite, ce qu'il conferme encores plus en ce qui s'ensuit, disant, Mais vous receveres la vertu du S. Esprit venant sur vous, et alors vous serez plus capables d'entendre ce que Dieu vous declare. En ceci Iesus Christ nous avise que c'est temerite quand nous voulons enquerir plus avant que Dieu ne nous declare. Car c'est comme si nous voulions voler par dessus les nues, combien que nous n'ayons point d'ailes: veu que si nous cognoissions nostre portee nous n'aurions garde d'ainsi nous avancer comme nous avons accoustume de faire. Et faut que nous notions diligemment qu'il dit la vertu du S. Esprit venant sur vous, qui est comme s'il disoit, Povres bestes cognoissez qui vous estes. Car quel est vostre esprit pour comprendre choses si hautes? comment est-ce qu'elles y pourroyent entrer? Ainsi apprenez plustost a vous humilier et cognoistre vostre ignorance, et apprenez de prier Dieu. En somme, nous avons ici un advertissement general que, cependant que Dieu nous laisse en nostre sens, nous sommes si brutaux que rien plus, et ne nous faudra que bien peu de chose pour nous rendre hebetez, et n'entendrons rien a l'Escriture combien qu'on l'expose assez par le menu. Il faut donc que ceste intelligence viene de Dieu qui nous la donne par sa pure bonte. Car combien que nous ayons l'Escriture et qu'on la nous expose, c'est comme si le 39