28:61 61 SUR LE DEUTER. CHAP. XXII. 62 ou est l'honneur que vous devez avoir envers moy? * Dieu donc veut bien estre honore de nous : mais cependant si veut-il estre servi, voire d'une franche volonte et d'une affection cure: comme nous l'avons declare ci dessus en traittant du sommaire de la Loy au septiesme chapitre : Israel, qu'est-ce que ton Dieu demande de toy, sinon que tu adheres a luy en l'aimant? Voila (di-ie)le sommaire du service que Dieu requiert de nous. Ainsi, nous sommes admonnestez qu'il ne nous faut point estre pressez tellement des menaces qui nous sont faites, et des punitions qui sont contenues en la Loy, que cependant en prevenant tout cela nous ne soyons prests de nous dedier a Dieu en sacrifice volontaire, et de l'invoquer comme nostre pere, selon qu'il nous a adoptez pour ses enfans. En la fin Moyse declare, qu'en mariage on doit observer une telle honnestete de nature, que le beau-fils ne se mesle point avec le belie-mere. Il est vray qu'il ne met ici qu'une espece: au vingtiesme du Levitique il y en a plus. Mais c'est afin de reduire en memoire ce qu'il avoit auparavant declare. Car Moyse a fait ici un recit de la Loy, laquelle desia il avoit escrite. Et nous avons monstre que ce n'estoit point une chose superflue: pource que les hommes ont courte memoire, et qu'ils ont bien tantost oublie ce que Dieu leur avoit monstre. Il a fallu donc que Moyse, pour approbation plus grande de sa doctrine, la reiterast en ce livre present. Et pour ceste cause il ne fait que toucher comme en passant quant aux mariages: qu'on doit tenir cest ordre, que tous incestes soyent en execration. Car les Payens mesmes ont cogneu, que si les mariages se faisoyent sans discretion, qu'il y eust des incestes (comme ils les ont appellez) que les mariages seroyent polus devant Dieu, et pires que paillardise. Or ils ont eu ceste impression- la, encores qu'ils ne fussent point enseignez de la volonte de Dieu purement: toutesfois si estce qu'ils ont eu quelque estincelle: que Dieu n'a point voulu que le genre humain fust abruti, que il n'y eust tousiours ie ne say quoy pour rendre les hommes inexcusables, et pour aggraver leur condamnation tant plus: comme aussi sainct Paul en traitte au deuxiesme chapitre de l'Epistre aux Romains. Or de deduire tous les degrez dont il est parle au Levitique, il n'est ia besoin pour maintenant: mais il suffira de retenir la somme, c'est assavoir que nous devons avoir discretion et honnestete en mariage, que les parentages ne soyent point meslez, qu'un pere ne prenne point la fille, un frere ne prenne point la soeur, un oncle ne prenne point la niece: et aussi que lebeau-pere ne prenne point sa belle-fille, que la belle-mere ne prenne point son gendre. Car si nous n'observons cela, que differens - nous d'avec les bestes brutes?