22:61 61 INSTRUCTION ET CONFESSION DE FOY. 62 mais par les grandes misericordes du Seigneur, affin quil nous exaulce pour lamour de soy mesmes, pourtant que son nom est invoque sur nous. Et ne nous doibt ceste cognoissance de nostre misere nous repoulser78) de laccez de Dieu, veu que orayson nest pas instituee pour nous eslever arrogamment devant Dieu, ne pour exalter nostre dignite,79) mais pour confesser et gemir noz calamitez, comme les enfans envers les peres familierement exposent leurs compleinctes. Mesmes plustost un tel sentiment nous doibt estre comme un esperon80) pour nous inciter et picquer81) davantage a prier. Or il y a deux choses qui nous doyvent merveilleusement esmouvoir a oraison : premierement le mandement de Dieu par lequel ii nous commande de prier. Puis la promesse par laquelle il nous asseure que nous impetrerons tout ce que nous luy demanderons. Car ceulx qui linvoquent et requierent recoivent une singuliere consolation, dautant quilz cognoissent que en ce faisant ilz font une chose a luy agreable. Derechief se asseurans de sa verite ilz se conflent certainement destre exaulcez. Demandez (dict-il, Math. 7) et il vous sera donne, hurtez et il vous sera ouvert, cherchez et vous trouverez: et au Pseaulme 50: Invocque moy au iour de ta necessite, et ie te delivreray et tu me glorifieras. Ou mesme il a comprins les deux especes dorayson,82) cest a scavoir invocation ou requeste, et action de graces. Par la premiere nous descouvrons devant Dieu les desirs de noz cueurs. Par lautre nous recognoissons ses biensfaictz envers nous. Et nous avons a user de lune et de lautre assiduellement, car nous sommes pressez de telle pouvrete et indigence que cela doibt estre assez de matiere aux plus parfaictz de souspirer et gemir assiduellement, et en toute humilite invoquer le Seigneur. Dautre part les largesses que nostre Seigneur espand sur nous par sa bonte sont si amples et quelque part que nous regardions les miracles de ses oeuvres apparoissent si grans, que iamais matiere de louanges et action de graces ne nous peult faillir. Lexposition de lorayson dominicale. Davantage ce Pere de clemence, oultre ce quil nous admoneste et exhorte que le cherchions en toute necessite, toutesfois voyant encores que nous ne cognoissons point assez ce quavons a demander 78) deterrere. 79) aliquid nostrum. 80) add. et stimuli. 81) et picquer om. 82) add. breviter sed eleganter.