48:609 609 DE L'ASCENSION. 610 Mais c'est des choses qu'il se reserve a part et desquelles la cognoissance nous est interdite. Or il nous a declare les choses qui sont selon Tordre de nature et comme il doit faire froid en hyver et chaut en este. Que si quelquesfois nous voyons de grands froids en este, cognoissons que cela vient de nos pechez qui pervertissent l'ordre de nature, et que pour l'enormite d'iceux nous meritons bien que tout soit perverti, mais que neantmoins Dieu ne laisse pas d'y remedier. Ainsi donc, puis que Dieu nous a declare cela, il ne se l'est pas reserve a luy seul. Car ii ne veut point que nous imaginions de sa puissance comme d'une puissance excessive: mais ce qu'il nous veut estre incognu, il le retient tellement qu^il ne vient point iusques a nous. Suyvant cela donc Iesus Christ disoit, ce n'est pas a vous de cognoistre ce que le Pere a mis en sa puissance. Comme s'il disoit: Contentezvous de ce que ie vous declare et demeurez la : car si vous voulez entrer en dispute, et vous enquerir de ce qu'il vous veut estre cache, ce ne vous sera que confusion: veu qu'il ne vous a rien espargne qu'il ne vous ait declare tout ce qui vous est expedient de cognoistre. Si donc nous voulons exceder cela, c'est comme le vouloir despiter. Voyla que nous devons noter de ce passage, c'est ascavoir qu'il faut que les hommes apprenant a se ranger et restraindre, de ne point se vouloir enquerir de ce que Dieu nous veut estre cache, et d'estre diligens de cognoistre et nous enquerir pour scavoir ce qu'il veut que nous cognoissions. Mais outre cela ne soyons point importuns de vouloir nous enquerir: Et pourquoy est ceci? et pourquoy est cela? Gardons nous d'une telle curiosite comme d'une peste mortelle. Ce qui ne se fera point qu'un chacun ne face violence a sa nature: car nous sommes enclins a telles folies de nostre naturel, de laisser le principal de ce qui nous est necessaire, et cependant nous amuser a ce qui n'est ni necessaire ni utile, mais seulement une curiosite folle, comme chacun le monstre en son endroit. Comme pour exemple: voyci nous avons l'Evangile, qui est une fontaine de toute sagesse, et pour apprendre a nous fier en Dieu, et pour avoir nostre refuge en luy en l'invocquant, et afin que nous combations contre nos affections charnelles, pour nous ranger du tout a luy et pour luy obeir. Voyla a quoy nostre Seigneur pretend mesmes par toute l'Ecriture. Or il nous semble que c'est trop peu de scavoir cela, et chacun se voudra aller ficher es choses que Dieu nous a voulu estre cachees. Nous voulons contreroler nostre Seigneur, et nous semble qu'il eust mieux fait de faire autrement. Voyla comment il nous en advient. Et pourtant i'ay dit que si nous voulons prattiquer ceste doctrine, et n'estre point curieux, il faut que chacun de nous tiene sa Calvini opera. Vol XLVIII.