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DE
LA
PROPHETIE
DE
CHRIST.
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nous
le
voyons
toutesfois
par
experience.
Voyla
pourquoy
le
Prophete
s'escrie,
quand
Dieu
comme
a
son
de
trompe
voudra
publier
son
Evangile,
que
neantmoins
il
n'y
aura
qu'un
petit
nombre
de
croyans.
Il
adiouste
la
raison,
qu'il
faut
bien
que
Dieu
revele
sa
vertu,
pour
donner
la
foy
a
ceux
qui
de
leur
sens
naturel
seroyent
tousiours
incredules.
Qui
est
cause
que
nous
voyons
beaucoup
de
gens
reietter
l'Evangile,
qu'il
y
en
a
tant
qui
sont
desgoutez,
et
qui
concoyvent
un
tel
scandale,
qu'ils
aiment
mieux
ressembler
a
ceux
qui
despitent
ainsi
Dieu,
que
d'approcher
paisiblement
de
luy?
qui
est
cause,
di-ie,
de
cela,
sinon
que
nous
imaginons
que
la
foy
est
en
la
puissance
d'un
chacun?
Mais
le
Prophete
nous
monstre
que
combien
que
Dieu
commande
que
sa
Parolle
soit
publiee
a
tous,
c'est
a
dire
aux
bons
et
aux
mauvais,
neantmoins
il
besongne
d'une
facon
secrete
en
ses
eleus,
comme
s'il
leur
faisoit
sentir
son
bras
et
sa
vertu.
Notons
bien
donc
quand
l'Evangile
se
presche,
que
ce
sera
comme
un
son
inutile,
iusques
a
ce
que
nostre
Seigneur
monstre
que
c'est
luy
qui
parle:
car
il
ne
fait
pas
ce
bien
la
a
tous.
Voyla
donc
la
vertu
de
Dieu
qui
est
cachee
aux
reprouvez:
et
ainsi,
c'est
un
privilege
que
Dieu
fait
a
peu
de
gens,
et
a
ceux
qu'il
a
eleus
et
adoptez
pour
parvenir
a
la
vie
eternelle,
quand
il
leur
declare
que
l'Evangile
est
la
doctrine
de
salut,
que
c'est
une
verite
certaine,
a
laquelle
il
se
faut
tenir.
Voyla
en
somme
ce
que
le
Prophete
Isaie
a
voulu
toucher
en
ce
passage.
Or
la
dessus
nous
avons
a
estre
munis
et
armez
contre
cet
obiect
que
le
diable
nous
met
devant
les
yeux,
quand
nous
voyons
tant
de
gens
resister
a
l'Evangile,
voire
les
plus
grans,
et
ceux
qui
ont
quelque
reputation
au
monde:
car
lors
il
nous
semble
quasi
que
ce
n'est
point
la
parolle
de
Dieu.
Et
pourquoy?
Nous
dependons
par
trop
des
hommes:
voyla
comme
nostre
foy
s'esbransle.
Ainsi
surmontons
tout
ce
qui
est
du
monde,
et
cognoissons
que
quand
Dieu
parle,
il
nous
faut
assuietir
a
luy
:
et
encores
que
nul
ne
nous
y
tiene
compagnie,
mais
que
tous
nous
fussent
enemis,
que
nous
ne
laissions
pas
pourtant
d'accepter
en
purete
de
foy
ce
que
Dieu
prononce.
Et
au
reste,
afin
de
n'estre
point
trop
esbahis
que
les
hommes
soyent
si
pervers
de
batailler
contre
leur
Dieu,
contre
celuy
qui
les
a
creez,
celuy
mesme
qui
s'est
declare
leur
Redempteur,
que
nous
scachions
qu'il
n'est
pas
donne
a
tous,
et
que
la
foy
est
un
don
singulier
que
Dieu
reserve
comme
un
thresor
a
ceux
qu'il
a
eleus,
et
cognoissons
que
nostre
devoir
est
d'adherer
a
luy,
que
nous
scachions
neantmoins
que
chacun
de
nous
ne
s'est
point
donne
la
foy
de
son
propre
mouvement,
mais
que
Dieu
nous
a
illuminez,
et
nous
a
donne
les
yeux
par
son
S.
Esprit,
et
en
ce
faisant
nous
a
declare
sa
Calvini
opera.
Vol.
XXXV.
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