6:606 peut prendre ceste defense, desia elle emporte ces blasphemes: que le moyen que Dieu a ordonne de promovoir1) l'Evangile, n'est pas bon ny utile: que sa vertu, laquelle il a demonstree iusque icy, a conserver son Eglise, est defaillie: qu'au lieu d'avancer sa parolle, en confiance de sa vertu, il convient, d'y proceder par sagesse humaine. De ceste mesme source procedent toutes les cavillations dont ilz usent. C'est qu'ilz ne se peuvent renger a donner ceste gloire a Dieu: qu'en le laissant gouverner et conduire les choses, pour les amener a bon poinct, ilz facent sans contredict [fol. 20] ce qu'il leur commande, sans se soucier de ce qui en aviendra; sinon2) pour luy recommander l'evenement, afin qu'il le donne bon. Voicy leurs argumens. Si tous les fideles vouloyent fuyr l'idolatrie, que seroit-ce? Les pays ou il y a grande semence de Dieu, demeureroyent desers. Ie respons que c'est a Dieu d'y prouvoir. Ie respons secondement que le partement d'un homme presche aucunefois en plus grande efficace, qu'il ne pourroit pas faire de sa bouche. Tiercement ie respons, que ie ne demande pas qu'on s'en aille. La terre est au Seigneur seulement qu'on le serve en pure conscience par tout ou on sera. Quand on ne pourra plus consister3) en un lieu, faisant son devoir: qu'on se recommande a luy. Quartement ie respons que c'est follie a un chacun, de plaider ainsi pour tous. Car nous savons que ce qui fut dict a sainct Pierre, s'adresse aussi bien a nous. Que te chaut il qu'il sera faict des autres? suis moy (Iean 21, 22). Il est vray que nous devons avoir le soing de noz prochains: mais pour nous ayder mutuellement, non par pour prendre occasion de nous retarder ou de reculler. Finallement ie respons que de penser a ce danger, c'est penser de quel vin nous beuvrons d'icy a mil' ans. Car Dieu ne distribue pas a tous ses graces en mesme mesure ny en mesme facon. Ainsi c'est en vain qu'ilz craignent que les pays ne demeurassent desproveuz de Chrestiens. Plus tost l'Evangile fructifieroit cent fois davantage. Brief si ce poinct estoit gaigne sur eux, qu'ilz ne s'amusassent plus a leur maudicte prudence charnelle, nous serions tantost d'accord ensemble. [fol. 21] Ie n'ay pas entreprins de refuter icy toutes leurs obiections. Car ie l'ay desia faict plus que suffisamment au traicte dont ilz se complai^nent. Seulement i'ay voulu toucher en passant, que c'est qu'ilz profitent a murmurer ainsi contre Dieu: afin qu'ilz apprenent de s'en deporter, voyant que ce n'est qu'empirer leur cause de plus en plus. Au reste ie les veux bien aussi avertir, que c'est une 1) d'avancer 1611. 2) sinon . . . . bon, manque dans le latin. 3) subsister 1611 (consistendi).