49:605
605
SUR
L'EPITRE
AUX
CORINTHIENS.
606
chacun
puisse
se
retrancher
en
telle
sorte
que
nous
prenions
seulement
ce
qu'il
nous
faut
avec
action
de
graces,
et
que
les
biens
de
Dieu
ne
soyent
point
profanez
par
nostre
abus.
Apres,
si
Dieu
ne
nous
donne
point
ce
que
nous
appetons,
que
nous
scachions
aussi
estre
indigens:
c'est
a
dire
que
nous
portions
patiemment
le
defaut
que
nous
aurons.
Si
le
peuple
eust
dit,
Et
bien,
quand
ii
plaira
a
Dieu
de
nous
mener
en
la
terre,
nous
serons
bien
aise
de
manger
de
ce
qui
croistra
de
tous
fruitages:
mais
il
nous
faut
porter
patiemment
au
desert
ce
qu'il
nous
donne,
et
que
la
Manne
seule
nous
suffise.
Si
le
peuple,
di-ie,
eust
parle
ainsi,
il
n'eust
pas
offense
Dieu
:
mais
pource
qu'il
somme
Dieu
a
heure
presente,
et
le
despite,
et
que
la
Manne
luy
est
fascheuse,
et
qu'il
dit
que
c'est
une
viande
fade,
voyla
en
quoy
il
appete
chose
mauvaise.
Or
auiourd'huy
regardons
combien
il
y
a
d'especes
de
convoitise
au
monde.
Il
est
vray
que
si
nous
voulions
deduire
au
long
ce
propos,
il
y
auroit
non
pas
pour
un
sermon,
mais
pour
y
employer
tout
le
temps
de
nostre
vie.
Qu'un
chacun
de
nous
se
regarde,
combien
trouverons
nous
de
convoitises
qui
sont
tant
fretillantes
que
Dieu
ne
nous
peut
tenir
en
bride?
Nous
avons
sa
parole
par
laquelle
nous
devrions
estre
reglez.
Combien
de
fois
nous
adviendra-il
de
nous
destourner
de
la?
ie
ne
di
point
en
nostre
vie,
mais
par
chacun
iour.
En
combien
de
sortes
sommes
nous
solicitez
a
mal?
Il
est
vray
que
nous
ne
penserons
pas
tous
les
coups
que
la
chose
soit
mauvaise.
Et
ie
voudroye
ceci
et
cela,
diray-ie.
Voire,
mais
il
nous
faudroit
avoir
un
desir
conditionel,
c'est
a
scavoir,
quand
il
plaira
a
Dieu.
Mais
d'autant
qu'il
ne
veut
pas
que
ie
iouisse
d'une
telle
chose,
il
faut
que
ie
m'en
passe
:
et
non
point
par
force,
mais
de
mon
bon
gre
:
et
que
ie
cognoisse
que
Dieu
scait
mieux
pour
voir
a
ce
qui
m'est
utile,
que
ie
ne
le
compren.
Il
faut
donc
que
ie
me
gouverne
a
sa
volonte:
car
ie
suis
moins
envers
luy
qu'un
petit
enfant.
Et
mesmes
nous
sommes
comme
malades,
voire
comme
frenetiques.
Si
nous
accomparons
les
hommes
quant
a
Dieu,
a
des
enfans,
il
est
vray
qu'il
y
aura
desia
quelque
similitude,
mais
il
est
certain
que
les
petis
enfans
sont
encores
mieux
reglez.
Si
nous
les
accomparons
a
des
malades,
nous
approcherons
encores
plus
de
leur
naturel.
Mais
nous
ne
sommes
point
seulement
malades,
qui
voudrons
du
vin,
quand
il
nous
faudra
boire
de
l'eau;
qui
voudront
avoir
du
froid,
quand
ii
nous
faudra
du
chaud:
qui
serons
desgoustez
du
bien,
et
appeterons
ie
ne
scay
quelles
friandises
qui
seront
pour
nous
tuer
:
mais
nous
sommes
phrenetiques
du
tout.
Car
nos
appetis
et
nos
cupiditez
sont
une
espece
de
rage,
qui
ne
sera
sinon
pour
nous
precipiter
et
ruiner.
Puis
qu'ainsi
est
donc,
cognoissons
que
ceste
admonition
de
sainct
Paul
doit
estre
prattiquee
tous
|