6:600 nostre compte avec un prestre, il nous faut maintenant compter avec Dieu. Ie voudrois bien povoir impetrer d'eux, aussi bien qu'au lieu de tenir bon contre moy, en se gaudissant de mes remonstrances, ilz pensassent qu'il faut une fois comparoistre devant Dieu, pour estre iugez par ceste mesme parolle, que ie leur propose maintenant. Quant a moy ie ne me suis point loue a eux pour leur complaire. Il y a la troisiesme espece, de ceux qui convertissent a demy la Chrestiente en philosophie: ou pour le moins ne prenent pas les choses fort a cueur: mais attendent sans faire semblant de rien, voir s'il se fera quelque bonne reformation. De s'y emploier, entant qu'ilz voient que c'est chose dangereuse, ilz n'y ont point le cueur. Davantage il y en a une partie d'eux, qui imaginent1) des idees Platoniques en leurs testes, touchant la facon de servir Dieu, et ainsi excusent la pluspart des folles superstitions qui sont en la Papaute, comme choses dont on ne se peut passer. Ceste bende est quasi toute de gens de lettres. Non pas que toutes gens de lettres en soyent. Car i'aimerois mieux2) que toutes les sciences humaines fussent exterminees de laterre, que si elles estoyent cause de refroidir ainsi le zele des Chrestiens et les destourner de Dieu. Mais il se trouvera beaucoup de gens de estude, qui s'endorment en ceste speculation: que c'est bien assez qu'ilz congnoissent Dieu, et entendent quel est le droict chemin de salut, et considerent en leurs cabinetz comment les choses doyvent aller: 3) au reste qu'ilz recommandent a Dieu en secret dy mettre remede, sans se n'entremesler4) ny empescher: comme [fol. 12] si cela n'estoit point de leur office.6) Qui plus est, se moquent de ceux qui le font, et les arguent d'inconsideration. Or quand ie composay le livre duquel il est question: il me estoit aise de prevoir, qu'il ne seroit pas le bien venu non plus, envers telle maniere de gens. Parquoy il ne me doit sembler estrange, s'il m'en est autant avenu comme i'en avois pense. Toutesfois ie les prie: si ce sont advocatz, qu'ilz ne prenent point une cause si ruineuse a defendre, de laquelle ilz ne puissent avoir autre fin, que d'en tomber en confusion. Si ce sont iuges: qu'ilz ne s'ingerent point de prononcer sentence sur la parolle de Dieu, laquelle n'est pas subiette a leur iurisdiction: mesme, que se defians d'eux mesmes et se tenans pour suspectz en propre 1) D'avantage une partie d'eux imaginent 1611. 2) Le traducteur ajoute: et certe praestaret. 3) qualis debeat ecclesiae status esse. 4) sans s'entremesler 1551 smv. 5) se vero interponere aut suscipere huius rei curam negligunt, tanquam rem supervacuam et ab officio suo alienam.