51:60 nous pourrons recueillir le sens de l'Apostre. Et de faict, il n'y a rien ici de superflu et chacun mot emporte son poids: car en disant qu'il faut mettre peine a restablir celuy qui est cheut, il monstre que la douceur dont usent plusieurs en fiattant ceux qui ont failli, ne sent rien de Chrestiente. 11 faut donc que les vices soyent redarguez: il faut qu'on tasche de ramener a Dieu celuy qui s'est esgare du bon chemin: car si on le supporte en son mal et qu'on le nourrisse, on luy est traistre, d'autant qu'il s'endort, et par ce moyen il se plonge en sa perdition tant plus. Voila donc le moyen que sainct Paul ordonne, c'est que si un homme a failli, on le corrige: mais cependant qu'il y ait esprit de douceur ou mansuetude. Il pouvoit bien. user simplement de ce mot de Mansuetude sans adiouster esprit: mais il a conioint tous les deux, pour signifier que nous devons avoir une affection cordiale pour procurer le salut de ceux qui ont besoin d'estre advertis et exhortez quand ils auront commis quelque faute: et cependant aussi il a voulu exprimer que cela procede de Dieu: car comme il est la fontaine de toute bonte, aussi il eslargit a ses enfans quelque douceur, a fin qu'ils l'ensuyvent et qu'ils se conforment a son exemple. Nous scavons que la facon de l'Escriture saincte est telle d'appeler esprit de verite, esprit de crainte de Dieu, esprit de sagesse, le don qui procede de l'Esprit de Dieu, pour ce que la est la perfection de tout bien. Voila donc le sommaire de ce qui est ici enseigne par sainct Paul : c'est en premier lieu qu'il ne faut pas que nous aimions seulement les vertus pour approuver ceux qui cheminent en toute perfection, et ausquels il n'y a que redire: mais outre cela que nous devons estre humains pour supporter les fautes de ceux qui ne sont pas encores si bien confermez en la crainte de Dieu qu'il seroit requis, a fin que nous puissions ramener au bon chemin ceux qui s'en sont destournez et desbauchez. Car s'il n'y avoit en nous ni bonte ni douceur, incontinent qu'il y auroit une faute commise, nous plongerions l'homme comme au desespoir, et cela se void par trop. Voila donc pourquoy sainct Paul monstre que la mansuetude ou humanite des enfans de Dieu se doit approuver: que ceux qui sont tombez par foiblesse soyent relevez, voire en sorte qu'ils cognoissent qu'on procure leur salut. Or i'ay dit qu'il y a ici deux extremitez, ou deux vices desquels il nous faut garder. L'un c'est que nous fermons les yeux quand quelqu'un de nos amis a offense Dieu, et a fait mesmes quelque scandale, cela s'escoule, et nous ne voulons point acquerir