26:6 6 luy eust donne entree en la terre promise, il eust oublie du iour au lendemain sa faute si enorme, quand il avoit murmure, mesmes qu'il avoit renonce a l'heritage entant qu'en luy estoit, il ne luy eust point souvonu d'une telle ingratitude et rebellion. Il a donc fallu que de longue main il fust chastie, en sorte que iamais il n'oubliast l'offense qu'il avoit commise. Ainsi donc, quand nous aurons provoque l'ire de Dieu par nostre rebellion: ne trouvons point estrange, si du premier coup il ne nous delivre point du mal qu'il nous aura envoye pour chastiment. Car nostre peche ne seroit pas imprime du premier iour en nostre memoire comme il est requis. Il faut donc que Dieu besongne en telle facon: et comme i'ay desia touche, qu'il nous laisse languir. Et de faict, qu'est-ce de toute la vie presente sinon un tel exercice? Pourquoy Dieu nous a-il assuiettis a tant de povretez? si nous sommes eschappez d'un mal, voila le second qui nous rencontre, tellement qu'il n'y ha iamais fin: c'est pour nous apprendre ceste lecon que nous ne pouvons point recorder, sinon estans contraints. Et au reste, nous l'oublions bien tost: sinon que nostre Seigneur nous y ait comme habituez, ainsi qu'on dit, que nous ayons este apprestez, que nous soyons comme conduits de nature, pour dire: Voila nostre Dieu qui nous exerce en beaucoup de miseres, et le fait, d'autant que nous sommes povres pecheurs. Et cependant nous pouvons nous conformer a luy, que nous tirons tout au rebours de sa volonte? Il faut donc qu'il nous apprenne, qu'en despit de nos dents nous sommes en sa main, et qu'il ha toute domination et empire sur nous. Et au reste, en particulier, quand Dieu envoyera quelque affliction a un homme, qu'il pense a soy, qu'outre les miseres communes de ceste vie caduque, Dieu luy veut donner une instruction particuliere. Et que nous ne disions point: Pourquoy cestuy-ci, ou cestuy-la ne meritent-ils d'estre chastiez aussi bien que moy? comme chacun voudroit bien estre plus privilege que les autres. Mais que nous advisions de porter un chacun patiemment les verges de la main de Dieu, sachans qu'il noua