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NOTICE
LITTERAIRE.
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leur
faisoye
veoir
de
quelle
pasture
nous
sommes
nourris,
et
en
quelle
simplicite,
purete,
verites
reverence
et
#ele,
la
parole
de
Dieu
nous
est
annoncee
par
ceux
que
le
Seigneur
a
commis
Pasteurs
sur
son
povre
troupeau
qui
est
en
ce
pays:
et
aussi
afin
que
les
meschans
et
mercenaires
qui
en
font
leurs
risees,
apprenent
a
se
taire,
et
a
rouyir
en
leur
confusion,
voyans
combien
il
y
a
de
difference
entre
exposer
la
parole
de
Dieu,
et
habiller
en
chaire.
Parquoy,
i'ay
choisi
entre
autres
les
sermons
de
nostre
fidele
Pasteur
Iean
Calvin
sur
les
dix
Commandemens
de
Dieu,
lesquels
ont
este
recueillis
sous
luy
(comme
aussi
tous
les
autres
qu'il
fait)
par
l'escrivain
ordinaire,
sans
que
depuis
U
y
ait
mis
la
main,
ou
les
ait
reveus
en
sorte
que
ce
soit.
Ce
que
ie
di
pource
qu'on
pourroit
penser
qu'il
les
auroit
limez
et
polis
en
la
maison
tout
a
son
loisir,
pour
en
faire
monstre,
mais
ie
vous
puis
asseurer
qu'ils
sont
tels
que
Dieu
luy
a
donne
de
prononcer
publiquement,
sans
qu'il
y
ait
adiouste
ou
diminue
un
mot
Mesmes
iamais
n'a
este
d'avis,
et
n'a
voulu
permettre
qu'on
en
imprimast
aucuns,
fors
quatre
pour
le
soulagement
des
povres
fideles
qui
cerchent
la
liberte
Evangelique
*),
et
cependant
trouvent
tant
dyempeschemens
qu'ils
ne
s'en
peuvent
desvelopper:
ce
qu'il
feit
aussi
en
partie
pour
s'acquitter
d'une
promesse
qu'il
avoit
faite,
de
mettre
quelque
iour
quelques
Homelies
en
lumiere.
Les
autres
qui
ont
este
depuis
adioints
a
ces
quatre,
c'a
plus
este
d'une
permission
contrainte
et
forcee
ou
plustost
importunite,
que
de
franche
volonte
et
consentement.
Ce
qu'il
faut
aussi
que
ie
confesse
de
ceux-ci:
car
iamais
ne
m'eust
permis
les
imprimer,
en
ayant
desia
este
requis
d'autres
fois,
sinon
que
ie
l'eusse
presse,
et
souvent
importune.
Non
qu'il
soit
si
chagrin
et
difficile
de
sa
nature:
mais
d'autant
que
toute
son
entente
est
a
ce
que
les
oeuvres
qu'il
met
en
lumiere,
sortent
avec
tous
leurs
ornemens,
il
luy
fait
mal
que
ce
qu'il
a
presche
simplement
et
nuement
pour
s'accommoder
a
la
rudesse
du
peuple,
sans
appareil
ne
disposition
exquise,
soit
subit
mis
en
lumiere,
comme
s'il
affectoit
que
tout
ce
qu'il
dit
soit
incontinent
seme
par
tout,
et
que
le
monde
soit
rempli
de
ses
escrits.
Voila
pourquoy
il
a
tousiours
fait
refus,
que
tant
ses
lecons
que
ses
predications
fussent
imprimees.
Cependant
il
est
si
debonnaire
qu'il
ne
peut
si
bien
se
desfendre
des
importunite^
de
ceux
qui
sont
autour
de
luy,
qu'il
ne
se
laisse
quelque
fois
aller,
donnant
neantmoins
tousiours
a
cognoistre
qu'il
voudroit
qu'il
en
fust
autrement
Or
mes
freres,
vous
pourries
donc
penser
qu'il
y
a
de
la
temerite
en
ceux
qui
entreprennent
telles
choses
contre
son
vueil:
mais
leurs
raisons
entendues,
vous
aures
de
quoy
vous
contenter.
Car
si
le
desir
de
chacun
fidele
doit
estre
que
tous
viennent
a
la
cognoissance
de
verite,
et
que
tous
participent
aux
mesmes
richesses
celestes
qu'il
fait,
qui
est
celuy
qui
voyant
qu'il
y
a
tant
de
povres
membres
de
Iesus
Christ
par
le
monde
detenus
en
pire
servitude
que
VEgyptiaque
ou
la
Babylonique,
sous
V
Antechrist
Bomain,
qui
sont
languissans
et
asseaiez
par
faute
de
ceste
pasture
spirituelle,
ne
soit
induit
a
leur
donner
secours?
Voyla,
voyla
ce
qui
nous
induit
a
estre
importuns.
Que
si
les
sages
qui
cherchent
un
langage
agence,
une
diction
paree,
les
sentences
de
si
bonne
suyte,
et
si
bien
coniointes
qu'il
n'y
ait
que
redire,
s'ennuyent
ou
mocquent
de
ceste
simplicite,
il
nous
en
doit
peu
chaloir,
pourveu
que
les
povres
brebieies
y
puissent
recueillir
refection,
et
qu'elles
y
trouvent
quelque
contentement,
en
attendant
leur
delivrance.
Or
ce
qui
m'a
induit
a
plustost
choisir
ces
sermons
que
d'autres,
est
que
les
Commandemens
de
Dieu,
lesquels
tous
devroyent
entendre
et
scavoir,
sont
tellement
ensevelis
es
lieux
ou
on
en
fait
profession
de
Chrestiente,
qu'il
semble
que
ce
soit
une
chose
de
neant.
Les
uns
les
confondent
avec
les
commandemens
du
Pape,
qu'ils
appellent
de
l'Eglise,
et
en
font
un
tel
meslinge,
qu'ils
ne
les
scauroyent
discerner
les
uns
d'avec
les
autres.
Les
autres
les
ont
apprins
par
coeur,
comme
geays
en
eage
en
ie
ne
scay
quelle
rime,
ou
tout
y
est
confus
et
desmembre.
La
plus
part
ne
scait
du
tout
que
c'est:
et
toutesfois
vous
scavez
quelle
Chrestiente
il
y
peut
avoir
en
ceux
qui
les
ignorent.
Car
a
quelle
fin
Dieu
les
a-il
donnee
aux
hommes,
sinon
pour
monstrer
la
1)
Nous
supposons
qu'il
est
question
des
quatre
homelies
qui
ont
ete
inserees
dans
toutes
les
editions
des
Opuscules
ue
Calvin.
Voyes
T.
VIII.
p.
369
suiv.
38*
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