49:591 591 SERMONS 592 Et bien, et votre Circonsion, de qtroy vous sertelle? C'est une doctrine morte de soy: et puis elle vous oblige a garder la Loy de Dieu. En somme, vous n'en pouvez tirer que malediction. Par cela S. Paul monstre que les Iuifs estoyent destournez de la vraye regle de Dieu: autant en est-il en ce sixieme de sainct Iean, quand Iesus Christ les redargue: mais ici nous scavons a quelle fin Dieu a voulu nourrir le peuple au desert, quand il luy a donne la Manne, et a fait sortir l'eau du rocher, qui auparavant estoit sec. Or ce passage nous servira de beaucoup, pour nous monstrer comment c'est qu'auiourd'huy nous recevons le corps et le sang de nostre Seigneur Iesus Christ, sous le pain et le vin en la Cene. Nous voyons comme le monde s'est ici enveloppe en des superstitions si sottes que rien plus. Et pourquoy? Pour ce qu'on a prins seulement ce mot, Yoyci mon corps: et la dessus on a conclud que ce morceau de pain estoit le corps de nostre Seigneur Iesus Christ, et que ce n'estoit plus pain, mais, Voyla Dieu: et on a adore ce signe visible, et le monde s'est la abruti: et le diable a tellement ensorcele ceux qui ne regardent a l'intention de Iesus, et des mots qu'il a prononcez, qu'on en demeure la. Pour ceste cause, il sera besoin de bien poiser ce passage: et nous verrons en quelle sorte auiourd'huy nostre Seigneur Iesus Christ nous communique son corps et son sang en la Cene. Mais ie voy bien que nous ne pourrions traitter cest argument pour ceste heure: pourtant nous le reserverons pour le sermon suyvant au plaisir de Dieu. Cependant venons a l'intention principale de sainct Paul. Il nous monstre ici qu'il ne nous faut point estre eny vrez d'une folle presomption, sous ombre que Dieu nous a eslargi de ses graces tant liberalement, comme l'Evangile le monstre. Vray est que nous sommes preferez aux Peres anciens: comme il est dit, Bienheureux les yeux qui voyent ce que vous voyez, et les aureilles qui oyent ce que vous oyez. Plusieurs Rois et Prophetes ont desire d'avoir telle revelation, et ils n'en ont pas iouy. Nous sommes donc constituez en un degre plus haut que les Peres, qui ont vescu sous la Loy. Mais malheur sur nous, si nous ne recevons ceste grace la pour la faire valoir: et si nous ne cheminons en crainte et solicitude, veu que Dieu s'est ainsi eslargi envers nous. Parquoy ouvrons les yeux pour contempler la clarte qu'il nous monstre, et soyons attentifs a la doctrine qu'il nous propose. Voyla donc en quoy nous devons cognoistre que Dieu nous a plus avancez que ceux qui ont vescu devant nous. Mais cependant ce n'est pas a dire que chacun se doyve lascher la bride a malfaire, et que nous prenions ceste licence sous ombre que Dieu nous a adoptez pour ses enfans, et qu'en