48:591 591 SERMONS 592 tions que nous avons en nous, et de toutes ces vanitez qui nous retienent yci bas. Il faut que nous soyons du tout changez et que Dieu nous donne une nouvelle vie. Voyla comme il faut faire proufiter l'Evangile, afin qu'il soit vrayement le Royaume de Dieu, et qu'il ait telle authorite sur nous comme il appartient. Et cependant cognoissons que Dieu ne nous appelle pas a soy pour nous tenir en un estat, mais qu'il nous poussera tousiours, iusques a ce qu'il nous ait amenez a perfection, en nous faisant cognoistre que la vie presente est comme une mer plene de toutes miseres. Voyla comment Iesus tend a nous mener au Royaume celeste, apres que nous sommes entrez au Royaume de Dieu en ce monde. Il adiouste qxxHl leur defendit de ne partir de Ierusalem, iusques a ce qu'ils eussent receu la promesse de Dieu. Tout ceci est recite pour l'edification de nostre foy. Car nous voyons combien il est necessaire que ce poinct-la nous soit asseure et resolu: c'est ascavoir que la doctrine de l'Evangile n'est point forgee des hommes, mais que Dieu Pa envoyee du ciel. Il faut donc que cela soit mis hors de toute doute. Comment le sera-il sinon qu'il nous soit bien monstre et bien verifie que Iesus Christ a tellement envoye ses Apostres qu'ils n'ont point este menez par leur propre mouvement, par leur conseil, ne par leur volonte: mais que Dieu les a envoyez et leur a dicte leur lecon, et qu'ils ont eu l'intelligence de ceste doctrine, non pas par leur sens, mais par le sainct Esprit. Il faut donc noter ce que S. Luc dit yci, qu'il a traitte ceste doctrine souventesfois avec eux, afin qu'ils en fussent d'autant mieux informez et qu'ils n'y allassent point a la volee. Outre cela il dit qu'il a falu qu'ils ayent este illuminez par le S. Esprit, afin qu'ils fussent vuydes de toute sagesse humaine, et qu'on cognust que leur doctrine estoit une oeuvre de Dieu. Notons donc cela, afin que nostre foy soit tousiours fichee en Dieu, comme une anchre, pour estre ferme. Car es creatures nous ne trouverons rien qui n'escoule comme l'eau, et pourtant nostre foy y sera mal fondee: mais quand elle sera en Dieu, nous ne sommes point suiets a chanceler ca et la, mais nous tenons ferme. Voyla pourquoy il fut defendu aux Apostres qu'ils ne partissent point de Ierusalem qu'ils n'eussent receu la promesse. En cela nous voyons leur obeissance, car selon la raison de l'homme ils eussent peu repliquer, Comment? ne sommes-nous pas Apostres de Dieu? n'avons-nous pas authorite de prescher sa Parolle? ne scavon8-nous pas executer nostre charge? Ils avoyent quelque apparence de ce dire. Car a quel propos Dieu les avoit-il instituez en ceste charge, sinon qu'ils la feissent? Mais ils cognoissent que c'est a luy qu'il faut obeir. Malheur a l'homme