6:579 SENSUIT L'AUTRE EPISTRE. 1) [page 105] Monsieur et bien ayme frere, sur le poinct duquel m'avez requis de vous escrire, ce m'est une chose difficile, de donner conseil a une personne chrestienne, comme elle se doit gouverner en un lieu, ou on est detenu en captivite et servitude, tellement qu'on ne puisse donner gloire a Dieu, et vivre selon la reigle do sa parolle. Car ce n'est pas chose aisee, de trouver quelle voye on doit tenir en un abisme. Neantmoins puis que les marinicrs, combien qu'iiz n'ayent point de voye marquee pour conduire leurs navires, peuvent congnoistre ou ilz doivent dresser leurs cours, pour venir a bon port, en prenant leur enseigne des estoilles du ciel: il est a esperer, que si nous regardons radresse que nostre Seigneur nous baille, que [page 106] nous pourrons tendre au but auquel il nous appelle. Pourtant si une personne demande mon conseil en cest affaire: ie l'exhorteray premierement de regarder en Dieu, et craindre sur toutes choses de luy desplaire. Car sans ce fondement toutes les raisons qu'on pourra alleguer ne vaudront guere. Il faut donc que la crainte de Dieu possede et occupe tellement nostre cueur, que nous contemnions2) tout ce monde et toutes creatures, pour luy obeyr et suivre sa voluute. Ie dis cela, pource que quand nous prisons tant l'amitie des hommes, et les honneurs et richesses terriennes, ou bien nostre propre vie, que ceste affection nous destourne de suivre ce quo Dieu nous commande: nous aurons quant et quant force belles couvertures pour nous defendre et excuser en noz fautes. Car nostro nature non seulement est pleine de perversite, mais aussi d'aveuglement. Pourtant si quelqu'un veut estre capable de recevoir bon [page 107] conseil en 1) S'ensuit l'Epistre 1551 ; S'ensuit une Episcre 1566 suiv. Cette piece manque dans les editions latines, 2) mespnsions 1611.