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57
LIVRE
I.
CHAPITRE
IV.
58
en
despitant
Dieu,
souhaiteroyent
quant
et
quant
que
son
siege
iudicial,
lequel
ils
cognoissent
estre
dressé
pour
punir
les
transgressions,
fust
abatu.
Estans
menez
de
ceste
affection,
ils
bataillent
contre
Dieu,
lequel
ne
peut
estre
sans
son
iugement:
mais
pource
qu'ils
ne
peuvent
eviter
d'estre
accablez
par
sa
puissance,
et
sentent
bien
qu'ils
ne
la
peuvent
destourner,
voila
comment
ils
sont
veincus
de
crainte.
Parquoy
afin
qu'il
ne
semble
qu'en
tout
et
par
tout
ils
mesprisent
celuy
duquel
la
maiesté
les
tient
saisis,
ils
s'aquittent
tellement
quellement
d'avoir
apparence
de
religion:
cependant
ils
ne
laissent
pas
de
se
polluer
en
tous
vices,
et
amasser
enormitez
les
unes
sur
les
autres,
iusques
à
ce
qu'ils
ayent
entierement
violé
la
loi
de
Dieu
et
dissipé
toute
la
iustice
d'icelle:
ou
bien
ils
ne
sont
pas
tellement
retenus
de
ceste
feintise
de
crainte,
qu'ils
ne
se
reposent
doucement
en
leurs
pechez
s'y
flatent
et
baignent,
aimant
mieux
de
lascher
la
bride
à
l’intemperance
de
leur
chair,
que
de
la
restreindre
et
reprimer
pour
obeir
au
S.
Esprit.
Or
pource
que
tout
cela
n'est
qu'un
ombre
feint
de
religion,
mesme
à
grand'peine
merite-il
d'estre
appellé
ombre,
il
est
aisé
de
cognoistre
combien
la
vraye
pieté,
que
Dieu
inspire
seulement
aux
coeurs
de
ses
fideles,
est
differente
d'une
cognoissance
si
maigre
et
confuse:1)
dont
aussi
il
appert
que
la
religion
est
propre
aux
enfans
de
Dieu;
et
toutesfois
les
hypocrites
[1541
p.
8;
1551
s.
Ch.
I.
§.
10.]
Premierement
le
coeur
fidele
ne
se
forge
point
un
Dieu
tel
quel
à
la
volée:
mais
il
regarde
celuy
qui
est
seul
et
vray
Dieu,
et
ne
luy
attribue
point
tout
ce
que
bon
luy
semble,
mais
est
content
de
l'avoir
tel
qu'il
se
manifeste,
se
gardant
tousiours
diligemment
de
ne
sortir
point
hors
de
sa
volunté
par
audacieuse
outrecuydance.
L'ayant
ainsi
congneu,
pour
ce
qu'il
entend
que
par
sa
providence
il
modere
toutes
choses,
il
se
confie
de
l'avoir
pour
tuteur
et
protecteur
et
pourtant
se
commet
en
sa
garde,
d'autant
qu'il
le
congnoist
estre
autheur
de
tout
bien:
s'il
est
pressé
de
quelque
necessité,
incontinent
il
se
retire
à
son
secours
et
ayant
invocqué
son
nom
attent
ayde
de
luy,
d'autant
qu'il
est
persuadé
de
sa
bonté
et
benignité,
il
se
repose
seurement
en
sa
clemence
et
ne
doubte
point
d'avoir
tousiours
à
toutes
ses
miseres
remede
appareillé
à
la
misericorde
d'iceluy.
Entant
qu'il
le
recongnoist
Seigneur
et
pere,
il
le
repute
estre
digne,
duquel
au
commandement
il
s'adonne,
duquel
il
revere
la
maiesté,
duquel
il
tache
davancer
la
gloire,
duquel
il
suive
la
volunté.
En
tant
qu'il
le
voit
estre
iuste
iuge,
lequel
fera
une
fois
rude
vengeance
sur
tous
transgresseurs,
il
se
propose
tousiours
son
Throsne
devant
les
yeulx,
à
fin
d'estre
retiré
de
tout
ce
qui
provoque
son
ire.
[fn]
1)
Jusqu'ici
va
le
§.
9
du
Ch.
I.
des
édd.
antérieures.
Ce
qui
suit
est
une
addition
de
l’éd.
définitive,
tandis
que
le
§.
10
des
anciennes
édd.
a
été
omis.
Nous
l'ajoutons
ici
pour
ne
pas
laisser
l'ancien
texte
incomplet.
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