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SUR
LE
CANTIQUE
D'EZECHIAS.
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de
sa
faveur,
il
nous
ouvre
la
bouche,
comme
il
est
dit
au
Pseaume
cinquante
et
unieme:
Seigneur
tu
m'as
ouvert
ma
bouche,
et
pourtant
ie
chanteray
tes
cantiques
:
et
en
d'autres
passages,
Seigneur,
tu
as
mis
un
cantique
nouveau
en
ma
bouche.
Par
cela
les
Prophetes
signifient,
quand
Dieu
les
a
esiouis
en
les
delivrant
de
quelque
mal,
que
par
ce
moyen
il
les
a
exhortez
a
chanter
ses
louanges
et
benir
son
Nom,
et
avoir
souvenance
de
ses
graces.
Ainsi
donc
quand
nous
n'apprehendons
que
toute
frayeur
en
Dieu,
nous
sommes
comme
eslourdis:
et
voyla
la
porte
fermee,
tellement
que
nous
ne
pouvons
point
louer
Dieu.
Ainsi
Ezechias
en
ce
passage,
disant
que
les
morts
ne
loueront
point
Dieu,
n'entend
pas
en
general
tous
ceux
qui
decedent
de
ceste
vie
transitoire,
mais
ceux
qui
sont
comme
retranchez
de
Dieu,
et
qui
sont
accablez
de
son
ire,
et
qui
ne
goustent
plus
aucunement
sa
bonte,
et
sont
desnuez
et
alienez
de
toute
esperance
de
salut.
Il
est
donc
impossible
que
ceuxla
louent
Dieu.
Il
y
a
encores
un
autre
poinct
a
noter.
Car
quand
les
fideles
sont
detenuz
et
opprimez
de
quelque
destresse,
ils
ne
voyent
quasi
goutte
sinon
en
leur
mal,
et
chacun
Pexperimente
par
trop
en
soy.
Quand
un
mal
nous
a
du
tout
abbatus,
nous
ne
pouvons
pas
applicquer
nos
sens
a
autre
chose,
car
nous
sommes
la
retenus
comme
en
une
prison
estroite.
Ainsi
donc
en
a
este
Ezechias.
Comme
aussi
quand
il
est
dit
au
Pseaume
octantehuitieme,
C'est
une
terre
d'oubli
que
l'estat
des
trespassez,
on
ne
scait
la
que
c'est
de
Dieu:
il
semble
bien
que
ce
soit
un
blaspheme.
Mais
ces
facons
de
parler
procedent
de
la
rudesse
et
infirmite
des
hommes,
ascavoir
d'autant
qu'ils
ne
peuvent
pas
se
recueillir,
pour
iuger
d'un
sens
rassis,
et
avoir
une
cognoissance
bien
distincte
et
bien
digeree:
mais
le
mal
les
presse
et
les
transporte
tellement,
qu'ils
parlent
comme
a
la
volee
et
en
confus.
Voyla
Iob
qui
dit
que
les
hommes
estans
retirez
de
ce
monde
n'ont
plus
nulle
solicitude,
que
chacun
est
en
repos
comme
s'il
y
avoit
un
meslinge
confus,
que
le
valet
et
le
maistre
sont
tout
un,
et
que
les
tyrans
alors
ne
donneront
plus
d'effroy.
ll
parle
de
l'estat
des
trepassez,
comme
si
la
mort
estoit
pour
abolir
tout.
Toutesfois
ce
n'est
pas
qu'il
eust
ce
iugement-la:
mais
c'est
que
sa
tristesse
ne
luy
permettoit
point
de
parler
comme
un
homme
qui
est
en
repos:
car
il
avoit
este
agite
d'inquietude
telle,
que
ses
propos
estoyent
esgarez.
Ainsi
en
pouvons-nous
estimer
d'Ezechias.
Il
ne
parle
point
de
l'estat
et
condition
des
trespassez,
comme
l'Escriture
nous
enseigne.
Et
pourquoy?
Sa
tristesse
et
l'horreur
qu'il
concoit
dominoyent
tellement
en
luy
qu'il
ne
scait
ou
il
en
est.
Il
est
vray
que
cela
n'est
point
a
excuser:
et
voyla
aussi
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