6:560 Dieu d'Israel. Or il est certain, que cela estoit faire profession publique et notoire a tout le monde, de n'estre plus idolatre, comme s'il l'eust faict publier a son de trompe. Car qui est-ce qui pouvoit doubter [page 50] qu'il n'eust renonce les dieux ausquelz il cessoit de faire tous sacrifices, qu'il avoit faict au paravant? D'advantage, il requist d'emporter de la terre d'Israel la charge de deux muletz, pour sacrifier dessus au Dieu vivant afin de n'estre point contamine en sacrifiant sus la terre profane. Ne voyla pas encores une autre declaration solennelle qu'il fait, pour oster toute doubte, qu'il ne veut plus vivre1) en la superstition des Syriens? Mais apres il demande conge de pouvoir adorer2) au temple de Remon. Si c'estoit pour feindre d'adorer l'idole, il y auroit quelque apparence pour eux. Or on voit le contraire. Voicy les parolles dont il use: Si le Roy mon Seigneur entre d'adventure au temple de Remon, et qu'il adore estant appuye sus mon espaule, si i'adore semblablement que le Seigneur n'impute point cela a son serviteur. Le mot d'adorer emporte s'encliner ou se baisser. Pourquoy est-ce qu'il dit notamment: si le [page 51] Roy, estant appuye sur mes espaules, adore? assavoir pour signifier, qu'il ne s'enclinera sinon par forme de civilite,8) pour n'empescher point son Roy. Ce qu'il ployoit donc son corps n'estoit pas pour faire semblant d'honorer l'idole, mais pour rendre son service accoustume au Roy. Que celuy donc, qui se voudra defendre par l'exemple de Naaman, se purge devant de toute suspition d'idolatrie: et monstre qu'il n'y veut nullement consentir. Quand il aura donne a congnoistre cela nous ne serons plus en controversie. Mais a present, quelle moquerie est-ce d'alleguer l'exemple de Naaman pour se couvrir, quand il y a une si grande diversite? Car ce qu'ilz font n'est sinon pour monstrer, qu'ilz veulent idolatrer comme les autres. Ce n'est pas de telles vaines et frivoles tergiversation qu'on contente Dieu. I'ay aussi ouy d'aucuns alleguans ce qui est dict en l'Epistre qu'on attribue [page 52] a Ieremie: Quand vous verrez les Babyloniens porter leurs dieux d'or et d'argent, et que tous se prosternerent devant, vous direz en vos cueurs: C'est toy, Seigneur, qu'il faut adorer (Bar. 6, 3 s.). Mais Taucteur de ceste Epistre, en exhortant le peuple d'Israel de donner gloire a Dieu en son cueur, luy permet il de s'agenouiller devant les idoles? Que profite il donc d'abuser tant ineptement de ceste sentence? Et ie vous prie, celuy qui fait exterieurement honneur aux idoles, comment peut il dire en son cueur, 1) se abhorrere. 2) si ingressus fuerit. 3) fore civile officium.