3:56
que
les
Ephesiens
estoyent
du
tout
sans
Dieu,
du
temps
qu'ils
estoyent
esgarez
de
celuy
qui
l'est
à
la
verité
luy
seul
(Ephes.
2,
12).
Et
n'y
a
pas
ici
grande
distance
entre
les
deux,
pour
le
moins
en
ce
poinct,
c'est
de
concevoir
un
dieu
ou
plusieurs,
pource
que
tousiours
on
se
destourne
du
vray
Dieu,
et
quand
on
l'a
delaissé,
il
ne
reste
plus
qu'une
idole
execrable.
Par
ainsi
nous
avons
à
conclurre
avec
Lactance,
qu'il
n'y
a
nulle
religion,1)
si
elle
n'est
coniointe
avec
la
verité.
4.
Il
y
a
encores
un
second
mal,
c'est
que
les
hommes
ne
se
soucient
gueres
de
Dieu,
s'ils
n'y
sont
forcez,
et
ne
veulent
approcher
de
luy
sinon
qu'ils
y
soyent
trainez
maugré
qu'ils
on
ayent:
mesme
alors
encores
ne
sont-ils
point
induits
à
crainte
volontaire,
qui
procede
d'une
reverence
de
sa
maiesté,
mais
seulement
d'une
crainte
servile
et
contrainte,
entant
que
son
iugement
là
leur
arrache:
lequel,
pource
qu'ils
ne
le
peuvent
eschaper,
ils
ont
en
horreur,
toutesfois
en
le
detestant.
Car
ce
qu'un
Poete
payen
a
dit
compete
vrayement
à
l’impieté
seule:
assavoir
que
la
crainte
s'est
forgée
des
dieux
la
premiere.2)
Ceux
qui
se
voudroyent
desborder
[1541
p.
7;
1551
s.
Ch.
I.
§.
9.]
La
seconde
faulte
que
commettent
les
hommes
est
qu'ilz
sont
tirez
par
force
ei
maugré
leur
volunté
à
avoir
consideration
de
Dieu
et
ne
sont
point
touchez
d'une
crainte
qui
procede
de
la
reverence
de
sa
Maiesté:
mais
seulement
pour
paour
de
son
iugement
duquel
ilz
ont
horreur,
entant
qu'ilz
ne
le
peuvent
fouyr,
tellement
neantmoins,
qu'ilz
l’ont
en
abomination
car
ce
que
dist
un
poëte
payen
convient
proprement
à
l’impieté,
et
à
icelle
seule,
c'est
à
sçavoir
que
la
crainte
a
premierement
introduict
la
reverence
de
Dieu
au
monde.
Certes
tous
ceulx
qui
ont
le
coeur
eslongné
de
la
iustice
de
Dieu
souhaiteroient
vouluntiers
que
son
Throsne,
lequel
ilz
congnoissent
estre
dressé
pour
punir
toutes
transgressions
à
l’encontre
d'icelle,
feust
renversé.
Par
lequel
desir
ilz
font
la
guerre
à
Dieu:
lequel
ne
peut
consister
sans
son
iugement.
Mais
en
congnoissant
sa
puissance
estre
sur
eux
inevitable,
d'autant
qu'ilz
ne
la
peuvent
ny
chasser,
ny
eviter,
ilz
la
craignent.
Parquoy
à
fin
qu'ilz
ne
semblent
point
estre
du
tout
contempteurs
de
sa
maiesté,
ilz
s'acquittent
d'une
maniere
de
religion
telle
quelle.
Toutesfois
ce
pendant
ilz
ne
laissent
pas
de
se
contaminer
en
toutes
sortes
de
vices,
et
assembler
pechez
sur
pechez,
iusques
à
ce
qu'ilz
ayent
violé
entierement
la
saincte
loy
du
Seigneur,
et
dissipé
toute
sa
iustice,
ou
bien
pour
le
moins
ilz
ne
sont
pas
tellement
reprimez
par
ceste
crainte
simulée,
qu'ilz
ne
se
reposent
seulement
en
leur
peché,
se
flatant
et
aymant
myeulx
lascher
la
bride
à
l’intemperance
de
leur
chair,
que
de
la
restraindre
au
gouvernement
du
sainct
Esprit.
Mais
pour
ce
que
tout
cela
n’est
qu'une
umbre
vaine
de
religion,
voire
à
grand
peine
digne
d'estre
nommée
umbre,
il
nous
fault
briefvement
declairer
quelle
est
la
congnoissance
speciale
de
Dieu,
laquelle
est
seulement
inspirée
au
coeur
des
fideles:
quelle
est
aussi
l’affection
de
pieté
qui
s'en
ensuit.
[fn]
1)
Texte
latin:
legitimam
religionem.
2)
Statius
Italicus.
(sic)
1562.
|