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SUR
LE
CANTIQUE
D'EZECHIAS.
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tant
de
sortes
pour
tousiours
penser
que
c'est
de
la
vie
humaine,
et
en
avoit
tresbien
fait
son
profit.
Car
il
avQit
este
longue
espace
de
temps
comme
en
l'ombre
de
mort,
il
avoit
este
persecute
de
tout
le
peuple,
estant
captis
entre
ses
ennemis,
et
n'ayant
point
quasi
une
minute
de
repos.
Or
quand
Dieu
l'a
mis
au
siege
Royal,
il
conclud
qu'il
ne
bougera
iamais,
et
qu'il
y
demeurera
paisible.
Si
David,
ayant
l'esprit
de
Dieu
en
telle
excellence
comme
nous
scavons,
ayant
eu
tant
d'espreuves
pour
estre
du
tout
ravi
a
Dieu,
neantmoins
s'est
ainsi
oublie,
que
sera-ce
de
nous?
La
dessus
il
adiouste,
C'estoit
sur
ta
bonte
gratuite
que
i'estoye
appuye,
Seigneur,
tu
m'avois
establi
comme
en
une
montagne,
mais
tu
as
destourne
ta
face,
et
me
voyla
trouble.
Ainsi
il
monstre
son
ingratitude
en
cela.
Car
combien
qu'il
n'eust
pas
du
tout
oublie
les
benedictions
qu'il
avoit
receues
de
la
main
de
Dieu,
si
est-ce
toutes
fois
qu'il
ne
pense
point,
Dieu
m'a
delivre
un
coup,
afin
que
i'aye
tousiours
mon
recours
a
luy,
cognoissant
que
ma
vie
est
pendante
comme
d'un
filet,
sinon
que
son
fondement
soit
la
en
sa
bonte,
et
que
de
minute
en
minute
il
besongne,
et
confessant
qu'incontinent
ce
seroit
fait
de
moy,
s'il
ne
continuoit
a
m'aider.
David
ne
pense
point
a
cela:
aussi
il
cognoist
qu'il
a
failli,
et
la
dessus
il
adiouste,
Seigneur
tu
as
cache
ta
face,
et
me
voyla
trouble.
Ainsi
en
est-il
d'Ezechias.
Il
est
en
paix,
et
soudain
voyci
Dieu
qui
le
navre,
tellement
que
la
playe
est
mortelle,
et
il
ne
peut
concevoir
sinon
un
tel
estonnement,
comme
si
Dieu
foudroyoit
du
ciel.
Il
faut
donc
qu'il
recoive
une
terrible
amertume.
Or
appliquons
ceste
doctrine
a
nostre
profit,
et
n'attendons
pas
que
Dieu
nous
face
recognoistre
nostre
infirmite
a
force
de
coups:
mais
encore
qu'il
nous
espargne
et
qu'il
ait
pitie
de
nostre
foiblesse,
que
nous
ne
laissions
pas
de
penser
a
luy:
et
que
nous
le
craignions,
nous
tenans
cachez
comme
sous
ses
ailes,
cognoissans
que
nous
ne
pourrions
subsister
une
seule
minute,
sinon
par
son
aide.
Au
reste,
si
quelque
fois
nous
sommes
surprins,
cognoissons
que
c'est
d'autant
que
nous
estions
par
trop
endormis.
Il
adiouste
puis
apres
Que
Dieu
a
delivre
son
ame.
Mais
il
use
d'une
facon
de
parler
qui
emporte
plus.
Il
dit,
Tu
as
aime
mon
ame,
ou
tu
y
as
prins
ton
bon
plaisir,
Afin
de
ia
retirer
du
sepulchre.
Par
ceste
circonstance
il
magnifie
la
bonte
de
Dieu
tant
plus,
pource
qu'il
est
venu
chercher
iusques
au
sepulchre.
Car
si
Dieu
nous
entretient
il
est
vray
que
nous
cognoissons
que
nous
sommes
tenus
a
luy,
mais
c'est
bien
froidement:
mais
s'il
nous
delivre
de
la
mort,
alors
nous
appercevons
mieux
combien
il
est
bon,
de
ce
qu'en
telle
extremite
ii
est
descendu
comme
iusques
a
nous.
Car
il
nous
semble
quasi
qu'il
n'y
a
pas
grande
obli-
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