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SUR
LE
CANTIQUE
D'EZECHIAS.
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Car
voyla
aussi
qui
nous
touche
plus
vivement,
quand
nous
faisons
comparaison
entre
la
parole
de
Dieu
et
ce
que
nous
sentons
de
ses
iugemens.
Si
Dieu
frappoit
simplement
sur
nous,
nous
pourrions
estre
eslourdis,
mais
quand
il
adiouste
sa
Parole
pour
nous
redarguer,
afin
que
nous
cognoissions
que
c'est
luy
qui
nous
chastie,
voire
a
cause
de
nos
pechez,
voyla
qui
est
cause
d'une
plus
grande
confusion.
Notamment
donc
Ezechias
dit
Que
selon
qu'il
a
parle
il
Va
aussi
fait.
Et
pourtant
la
dessus
il
conclud
qu'il
n'a
point
de
replique.
Car
nous
pourrions
bien,
ayans
a
faire
aux
hommes
mortels,
faire
nos
plaintes:
mais
quand
il
est
question
d'accuser
Dieu,
il
gaignera
tousiours
sa
cause.
Nous
pourrons
plaider
pour
un
temps,
mais
si
est-ce
qu'il
sera
tousiours
iustifie
apres
nous
avoir
condamnez.
C'est
donc
temps
perdu
que
de
cuider
amender
nostre
mal,
quand
nous
ne
passerons
point
condamnation
devant
Dieu,
mais
que
nous
tascherons
a
nous
rebecquer,
et
userons
de
murmures
et
de
querimonies.
Tout
cela
ne
fera
sinon
qu'aggraver
nostre
mal,
iusques
a
ce
que
nous
soyons
abysinez
du
tout.
Et
pourtant
ayons
la
bouche
close,
comme
il
est
dit
en
Iob.
Car
c'est
ce
que
le
bon
Roy
Ezechias
a
entendu
en
ce
passage.
Or
la
dessus
il
adiouste:
Que
tout
le
temps
de
sa
vie
il
aura
une
alleu,re
tremblante,
et
marchera
doucement
comme
un
homme
abbatu,
et
qui
traine
ses
iambes,
voire
en
l'amertume
de
son
ame.
Yci
Ezechias
declare
que
Dieu
luy
a
tellement
engrave
le
sentiment
de
ceste
correction,
et
l'a
tellement
imprime
en
son
coeur,
que
iamais
la
memoire
n'en
sera
effacee.
Il
pourra
advenir
souvent
(et
nous
l'experimentons
plus
qu'il
ne
seroit
mestier)
que
quand
Dieu
nous
presse,
nous
sommes
tant
estonnez
que
rien
plus,
nous
gemissons.
D'avantage,
s'il
est
question
de
confesser
nos
fautes
avec
humilite,
c'est
merveilles
que
de
nous
ouir.
Brief
nous
ne
sommes
point
chiches
en
parolles,
soit
pour
monstrer
la
grandeur
de
nostre
mal,
soit
pour
declarer
nos
fautes,
soit
pour
benir
le
nom
de
Dieu.
Mais
nous
ne
faisons
que
secourre
l'aureille
tantost
apres,
et
du
iour
au
lendemain
que
Dieu
nous
a
donne
quelque
relasche
ou
repos,
nous
n'y
pensons
plus.
Voyla
donc
comme
les
hommes
en
sont,
c'est
qu'ils
cherchent
Dieu
(comme
il
est
dit
au
Prophete)
cependant
qu'il
les
attire
comme
par
force:
alors
ils
l'invoquent,
et
confessent
la
dette,
comme
nous
avons
dit:
mais
si
tost
que
Dieu
les
espargne,
les
voyla
comme
devant,
ils
levent
la
teste
comme
des
cerfs,
ils
ne
font
que
se
iouer,
la
ou
auparavant
ils
estoyent
tant
abbatus
que
rien
plus,
et
avoyent
un
visage
si
effraye:
brief
il
n'y
avoit
qu'angoisse,
et
incontinent
apres
c'est
a
faire
grand'
chere:
ils
retournent
a
leurs
delices,
et
qui
plus
est,
il
semble
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