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SERMON
CXXIII
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ainsi
traittez.
Nous
devons
donc
demeurer
en
suspens,
et
ne
point
murmurer,
ne
lascher
la
bride
a
nos
passions.
Iob
a
failli
en
ces
deux
choses-la.
Car
combien
qu'il
se
cognust
pecheur:
si
est-ce
toutes
fois
qu'il
n'a
point
donne
a
Dieu
telle
gloire
qu'il
luy
est
deu.
La
raison?
C'est
qu'il
n'a
point
assez
medite
cest
article-la,
Que
Dieu
le
pouvoit
affliger
plus
rigoreusement
beaucoup
(s'il
eust
voulu)
voire
a
cause
de
ses
pechez
mesmes.
Et
puis
nous
avons
veu
qu'il
s'est
iette
comme
aux
champs,
qu'il
s'est
despite
en
soy,
Et
que
veut
dire
Dieu?
et
ie
suis
ici
une
povre
creature,
et
faut-il
qu'il
desploye
son
bras
contre
moy?
et
y
a-il
nul
propos?
Il
sembloit
donc
qu'il
voulust
accuser
Dieu
de
quelque
tyrannie
:
non
pas
qu'il
fist
ceste
conclusionla,
mais
il
en
a
este
tente
neantmoins.
Voila
en
quoy
Iob
a
failli:
et
pourtant
ce
n'est
point
sans
cause
qu'Eliu
lui
dit,
Comment?
Tu
fes
voulu
iustifier,
comme
si
tu
estois
sans
iniquite,
si
tu
estois
pur
et
net.
En
cela
(dit-il)
tu
ne
seras
iamais
absous,
et
ne
gaigneras
point
ta
cause.
Or
donc
pour
faire
nostre
profit
de
ceste
doctrine,
retenons
que
si
Dieu
nous
punit
a.
cause
de
nos
pechez,
il
faut
en
premier
lieu
passer
condamnation.
Et
c'est
le
plus
expedient
que
cela:
car
si
nous
voulons
estre
iustifiez
devant
Dieu,
que
faut-il
faire,
sinon
de
regarder
a
nostre
vie,
et
cognoistre
quand
nous
avons
offense
nostre
Dieu
en
tant
de
sortes,
que
nous
sommes
bien
dignes
d'estre
batus
de
ses
verges?
Toutes
fois
si
Dieu
a
quelque
autre
regard
pour
nous
affliger,
et
qu'il
nous
traite
plus
rudement
qu'il
ne
fait
pas
ceux
qui
sont
du
tout
desbordez
a
mal,
ceux
qui
se
mocquent
pleinement
de
sa
maieste:
notons
que
ce
n'est
point
a
cause
de
nos
pechez
qu'il
le
fait.
Pourquoy
donc?
Il
veut
nous
esprouver,
il
veut
savoir
si
nous
sommes
du
tout
siens:
car
cependant
que
les
choses
vont
a
nostre
appetit,
que
savonsnous
si
nous
sommes
prests
de
servir
a
Dieu,
ou
non?
Mais
quand
il
nous
faut
renoncer
a
nostre
volonte,
qu'il
faut
captiver
tout
nostre
sens
naturel,
bref,
qu'il
faut
batailler
contre
nos
affections,
voila
quel
est
le
vray
examen
si
nous
servons
a
Dieu.
Or
donc
qu,and
cela
y
sera,
cognoissons,
II
est
vray
que
mon
Dieu
me
pourroit
abysmer
cent
mille
fois:
car
combien
qu'il
m'ait
fait
la
grace
de
cheminer
en
sa
crainte,
et
que
i'aye
tasche
de
le
servir:
tant
y
a
que
cela
ne
seroit
rien,
ie
ne
pourroye
pas
consister
une
minute
de
temps,
n'estoit
qu'il
nous
supportast
par
sa
bonte
infinie.
Or
il
me
veut
supporter,
mais
cependant
si
est-ce
qu'il
m'assuiettist
sous
sa
main,
et
me
monstre
que
ie
doy
estre
du
tout
a
luy.
Et
bien,
il
le
fait
pour
bonne
cause:
il
faut
en
cela
que
nous
ayons
la
bouche
close.
Et
puis
il
nous
faut
tenir
cois:
tellement,
qu'apres
avoir
enquis,
Et
pourquoy
est-ce
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