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INSTITUTION
CHRESTIENNE.
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à
servir
Dieu,
que
toute
affection,
quelque
desreiglée
qu'elle
soit,
suffit:
mais
ils
ne
notent
pas
que
la
vraye
religion
doit
estre
du
tout
conforme
à
la
volonté
de
Dieu,
comme
une
reigle
qui
ne
fleschit
point:
cependant,
que
Dieu
demeure
tousiours
semblable
à
soy,
et
qu'il
n'est
pas
un
fantosme
qui
se
transfigure
à
l’appetit
d'un
chacun.
Et
de
fait
on
peut
voir
à
l’oeil,
quand
la
superstition
veut
gratifier
à
Dieu,
en
combien
de
follies
elle
s'enveloppe
comme
en
se
iouant.
Car
en
retenant
soigneusement
les
choses
dont
Dieu
prononce
qu'il
ne
luy
chaut,
elle
reiette
ouvertement
ou
mesprise
celles
qu'il
recommande
comme
precieuses.
Parquoy
tous
ceux
qui
dressent
des
services
à
Dieu
à
leur
poste,
adorent
leurs
resveries
seulement:
pource
qu'ils
n'oseroyent
ainsi
apporter
à
Dieu
des
menus
fatras,
sinon
que
desia
ils
l'eussent
forgé
en
leur
moule
semblable
à
eux
pour
approuver
leurs
inventions.
Parquoy
S.
Paul
prononce
qu'une
telle
conception
qu'on
a
de
Dieu
vagabonde
et
erronnée,
est
ignorance
de
Dieu:
Pource
que
vous
ne
cognoissiez
point
Dieu,
dit-il,
vous
serviez
à
ceux
qui
n'estoyent
point
Dieu
de
nature
(Gal.
4,
8).
Et
en
l'autre
passage
il
dit
Car
ils
pensent
que
toute
affection
de
religion,
quelle
quelle
soit,
mesme
quand
elle
sera
desordonnée,
est
suffisante,
mais
ilz
ne
considerent
point
que
la
vraye
religion
doibt
estre
conformée
au
plaisir
de
Dieu
comme
à
sa
reigle
perpetuelle.
D'avantage
que
Dieu
demeure
tousiours
semblable
à
soy:
et
n'est
point
un
phantosme
qui
se
transforme
au
vouloir
d'un
chascun.
Et
de
vray,
on
peut
voir
par
combien
vaines
illusions
la
superstition
se
ioue
de
Dieu,
quand
elle
tache
de
luy
complaire.
Car
en
prenant
quasi
seulement
les
choses,
desquelles
il
testifie
qu'il
ne
se
soucye
nullement,
elle
neglige
celles
qu'il
a
ordonnées,
et
declaire
luy
estre
acceptables
ou
mesmes
elle
les
reiecte
ouvertement.
Pourtant
tous
ceux
qui
dressent
religions
inventées
en
leur
esprit
pour
honorer
Dieu
n'adorent
que
leurs
propres
resveries,
veu
que
iamais
ilz
noseroient
ainsi
se
iouer
à
Dieu
sinon
que
premierement
ilz
l'eussent
forgé
semblable
à
leurs
fantasies.
Parquoy
l'Apostre
enseigne
qu'une
telle
opinion,
qu'on
ha
de
Dieu
incertaine
et
desreiglée,
est
ignorance
de
Dieu.
Du
temps,
dit-il,
que
vous
ne
congnoissies
point
Dieu,
vous
servies
à
ceux
qui
de
nature
ne
sont
point
Dieux.
En
un
autre
passage
il
dict
que
les
Ephesiens
ont
esté
sans
Dieu,
du
temps
qu'ils
estoient
estranges
de
la
droicte
congnoissance
d'iceluy,
et
n'y
a
point
grand
difference
quant
à
ce
point,
si
on
imagine
un
Dieu
ou
plusieurs:
veu
que
tousiours
on
delaisse
et
abandonne
le
vray
Dieu,
lequel
laissé
il
ne
reste
plus
que
excecrable
ydolatrie.
Parquoy
nous
avons
à
conclurre
avec
Lactance,
qu'il
n'y
a
nulle
religion
licite,
laquelle
ne
soit
conioincte
avec
la
verité.
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