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55
TIE
DE
CALVIN
56
Or
pource
que
lors
Puniversite
de
Bourges
estoit
aussi
en
bruit,*)
a
cause
de
cest
excellent
Iurisconsulto
Andre
Alciat
qui
pour
lors
y
enseignoit,
il
voulut
bien
[a
6]
aussi
le
voir
et
ouir.
Cependant
il
ne
laissoit
de
vaquer
aux
sainctes
lettres
a^ec
tel
fruict
et
si
heureusement,
que
tous
ceux
ausquels
il
plaisoit
a
Dieu
de
toucher
le
coeur
pour
entendre
que
c'estoit
des
differens
esmeus
pour
le
faict
de
la
religion,
non
seulement
luy
portoyent
affection
singuliere,
mais
l'avoyent
desia
en
admiration,
pour
l'erudition
et
zele
qui
estoit
en
luy.
Quant
a
departir
le
temps
de
ses
estudes,
ii
y
a
encore
gens
dignes
de
foy
qui
l'ont
cognu
familierement
a
Orleans,
qui
disent
que
deslors
bien
souvent
il
estudioit
iusques
a
la
minuict,
et
pour
ce
faire,
mangeoit
bien
peu
au
souper.
Puis
le
matin
estant
reveille,
il
se
tenoit
encore
quelque
temps
au
lict,
en
rememorant
et
ruminant
tout
ce
qu'il
avoit
estudie
le
soir.
Il
n'y
a
point
de
doute
que
telles
veilles
ne
lui
ayent
bien
offense
sa
sante.
Mais
il
prenoit
ces
heures-la
pour
ses
principales
estudes,
afin
d'y
pouvoir
continuer
plus
librement
et
sans
estre
interpelle.
Et
ie
croy
que
ces
estudes-la
ont
este
le
fondement
du
grand
savoir
qu'il
avoit
des
sainctes
lettres,
et
une
aide
de
la
singuliere
memoire
qu'on
a
puis
apres
veue
en
luy.
Entre
autres
qu'il
hantoit
pour
lors
a
Bourges,
il
y
avoit
un
excellent
personnage
Alleman,
professeur
des
lettres
Grecques,
aux
gages
de
la
feu
roine
de
Navarre,
lors
duchesse
de
Berry:
c'estoit
Melchior
Volmar,
duquel
ie
me
souvien
d'autant
plus
volontiers,
que
c'est
celuy
mesme
qui
a
este
mon
fidele
precepteur
et
gouverneur
de
toute
ma
ieunesse,
dont
ie
loueray
Dieu
toute
ma
vie.
Ce
bon
personnage
voyant
que
Calvin
avoit
faute
des
lettres
Grecques,
fit
tant
qu'il
s'appliqua
a
les
apprendre:
a
quoy
aussi
il
luy
servit
beaucoup,
comme
luy-mesme
en
a
rendu
tesmoignage,
en
luy
dediant
ses
Commentaires
sur
la
seconde
Epistre
de
Sainct
Paul
aux
Corinthiens,
et
luy
faisant
ceste
recognoissance
de
l'appeler
son
maistre
et
enseigneur.2)
Du
mesme
temps
il
prescha
quelquefois
en
une
petite
ville
du
pays
de
Berry,
nommee
Lignieres,
et
eut
entree
en
la
maison
du
seigneur
du
lieu
qui
estoit
pour
lors:
lequel
n'apprehendant
pas
autrement
les
choses,
disoit
seulement
en
general,
qu'il
lui
sembloit
que
M.
Iean
Calvin
preschoit
mieux
que
les
moines,
et
qu'il
alloit
rondement
en
besongne,
car
ledit
seigneur
n'estant
pas
de
son
naturel
des
[a
7]
plus
superstitieux,
s'appercevoit
bien
que
les
moines
qui
venoyent
chacun
an
prescher
la,
contrefaisoyent
les
marmiteux
pour
acquerir
reputation
et
pour
le
gain.
1)
reputation
F.
2)
et
enseigneur
om.
F.
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